Salut BreeceLu
Superbes, tes images. Elles ne sont pas que belles, elles sont très vivantes et très proches d'une réalité souvent difficile à raconter.
Je découvre et j'adore.
Ciel! Manger des coquillages à Cần Giờ! Ne t'y mets que si tu as le corps en état de te défendre. Le courant de marée ramène très souvent les effluents du fleuve Đồng Nai vers Cần Giờ, qui est juste à l'Ouest de son embouchure. Et le fleuve Đồng Nai collecte les effluents de Saigon, où officiellement 7 millions, mais officieusement peut-être le double, rejettent leurs eaux usées pour ainsi dire telles quelles. Si la plage est noire, ce n'est pas le sable, mais des caillaux d'eau noire vaguement neutralisée par le sel de la mer.
Vois cette image prise par le satellite Terra en 2003 (comme quoi la NASA aussi fait des photos de Saigon!), où on voit les 80 km d'eaux noires sortant de la région de Saigon. En eau douce de rivière, les eaux noires restent au fond, mais en mer, où le sel pousse la densité de l'eau à 1.025kg/l, elles remontent et font les belles volutes visible du satellite.
Difficile effectivement de qualifier ce brouet d'eau: là où il n'y a que peu de courant, les eaux noires s'accumulent et apparaissent en surface. Elles empestent, ce qui n'empêche pas des enfants de s'y baigner à l'occasion. Ton image géniale montre la nature de cette eau par deux signes: d'une part un reflet très lumineux qui trahit la noirceur de l'eau: comme elle ne peut quasiment pas réfracter, elle réfléchit; d'autre part son côté très lisse et les turbulences aux rides aigües juste à côté du chaland, qui trahissent son côté huileux.
Quant à y naviguer, sur l'arroyo du 7ème où se trouvent beaucoup de shipshandlers, il y a des grands vraquiers en bois abandonnés, structure cassée, rongés par la pourriture et tordus finalement par l'effort de leur machine, et que leurs propriétaires abandonnent là contre toute légalité parce qu'ils ne trouvent pas de charpentiers prêts à les remettre en état: travailler dans une coque qui a été mouillée, c'est dur. Mais quand c'est cette infection qui les a mouillées, elles deviennent malsaines et portent des maladies. Seuls des chalands en bon état peuvent y rentrer. Les autres, sujets à l'imprégnation et à la pourriture, y trouvent leur destin.