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EN IMAGES. Horst Faas, dans l'enfer des conflits - Le Nouvel Observateur
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"En images , Horst FAAS dans l'enfer des conflits"
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Dernière modification par robin des bois ; 11/05/2012 à 20h58.
Horst Faas, photojournaliste, mémoire de la guerre du Vietnam
LE MONDE | 15.05.2012 à 13h13
Par Claire Guillot
Mémoire de la guerre du Vietnam, Horst Faas a couvert ce conflit pendant plus de dix ans, d'abord comme photographe puis comme charismatique directeur de la photographie au bureau de l'agence américaine Associated Press (AP) à Saigon. Il est mort le 10 mai 2012 à Munich, à l'âge de 79 ans.
Quand on évoque les photographies emblématiques de la guerre du Vietnam, ce n'est pas son nom qui vient en premier. Horst Faas était pourtant un photographe accompli - il a publié des photos terribles de soldats mourants ou de civils vietnamiens paniqués par les bombardements, et il est le seul photographe à avoir remporté deux prix Pulitzer au cours de sa carrière. Mais c'est surtout en tant que directeur de la photographie, à la tête du bureau d'AP, qu'il va laisser une empreinte majeure sur ce conflit.
Images plus crues
A Saigon, ce photographe à l'allure massive, à la voix forte et à l'accent allemand prononcé, donne sa chance aux débutants bien avant qu'ils soient connus - Henri Huet, Christine Spengler, Nick Ut... un groupe de jeunes passionnés qu'on finit par appeler à Saigon " l'armée de Faas ". C'est lui qui impose à sa hiérarchie, et par là même à l'ensemble de la presse américaine, des images tragiques et violentes, plus crues que celles auxquelles les journaux sont habitués.
Encore aujourd'hui, ces images restent dans les mémoires : la petite fille brûlée au Napalm et hurlant de douleur sur la route, réalisée par Ut en 1972, n'aurait pas dû être publiée car elle était contraire aux règles d'AP sur la nudité. C'est aussi Horst Faas qui insiste pour mettre en avant une image polémique et célèbre d'Eddie Adams : elle montre en 1968 un officier sud-vietnamien abattant froidement un soldat vietcong à bout portant.
Né à Berlin en 1933, Horst Faas grandit pendant la guerre, entre les évacuations, le manque de nourriture et les bombardements. Après le conflit, alors que sa famille a fui à l'Ouest, il s'installe à Munich où il devient photographe pour l'agence Keystone, avant d'intégrer AP en 1956. Après avoir travaillé en Algérie et au Congo, il déploie au Vietnam à partir de 1962 un redoutable sens de l'organisation, guidé par la volonté de faire plus vite et mieux que l'agence concurrente, UPI (United press international). Il donne sa chance à de jeunes recrues, vietnamiennes et occidentales et se lie ainsi avec Huynh Thanh My, un acteur vietnamien devenu photographe permanent à AP. Ce dernier mourra en 1965, avant que son frère, " Nick " Ut, soit recruté à son tour par l'agence.
Lourdes pertes
Horst Faas lui-même réalise des images fortes : un homme accusateur, qui tend le corps de son enfant à des soldats sud-vietnamiens. Ou bien le regard pur et hébété d'un GI dont le casque dit " la guerre c'est l'enfer ". A l'époque, l'armée américaine accueille sans méfiance les photographes, et lui permet de faire des images au plus près des combats - ce qui lui vaut un prix Pulitzer en 1965. " J'allais voir les conducteurs d'hélicoptère et j'essayais de les convaincre de m'emmener, racontait Horst Faas au Monde en 2008. Je leur disais que j'avais ma propre nourriture, mon casque, et en général ça marchait. " Mais la rançon est élevée : les pertes sont lourdes parmi les journalistes. En 1967, Horst Faas est blessé par une grenade, ce qui ne l'empêchera pas de couvrir le conflit jusqu'en 1974.
Par la suite, Horst Faas suivra des sujets très divers, comme les Jeux Olympiques de 1972, les combats de Mohammed Ali ou les troubles au Bengladesh en 1972, qui lui rapportent un second prix Pulitzer. Mais c'est le Vietnam qui reste " sa " guerre. En 1997, il publie, avec un autre vétéran du Vietnam, Tim Page, Requiem qui rend hommage aux photographes tués sur le terrain, 135 en comptant les deux côtés. Suivra en 2003 Lost over Laos, avec le journaliste Richard Pyle, qui raconte l'expédition pour retrouver les corps de quatre photographes tués en 1971, dans le même hélicoptère pendant la guerre du Vietnam : Larry Burrows, Henri Huet, Kent Potter et Keisaburo Shimamoto.
Diminué par un accident vasculaire en 2005, Horst Faas n'en continuait pas moins de témoigner, depuis sa chaise roulante, sur la guerre du Vietnam et sur le photojournalisme. Un " âge d'or " où les images comptaient pour le public, et où les photographes étaient moins nombreux, plus libres de leurs mouvements.
Claire Guillot
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