Une Vietnamienne à la conquête de l'Everest
En mai dernier, le cœur du Vietnam vibrait sur le toit du monde ! Pour la première fois, 3 Vietnamiens venaient de conquérir le sommet du mont Everest, à 8.846 m d'altitude, et du même coup, la célébrité. Mais à côté de cette prouesse collective, qui connaît l'exploit solitaire d'une femme qui les a longtemps suivi comme leur ombre ?
Conquérir l'Everest, point culminant du globe situé dans le massif de l'Himalaya, à la frontière du Népal et du Tibet (Chine), était un défi important pour le Vietnam : montrer au monde entier que les Vietnamiens sont capable d'atteindre les plus hauts sommets, à l'égal des plus grandes nations. Le programme télévisé "Everest Vietnam 2008" s'est mis au service de cette ambition, en assurant la couverture médiatique des préparatifs et de la réalisation de cet événement extraordinaire, et surtout en mobilisant opinion publique et sponsors.
Le 22 mai 2008, Bùi Van Ngoi, Nguyên Mâu Linh et Phan Thanh Nhiên, forts du soutien de tout un peuple, rejoignaient ainsi le panthéon des 2.300 personnes à avoir gravi la montagne mythique, dont le sommet avait été atteint pour la première fois en 1953 par le Néo-Zélandais Edmund Hillary et le sherpa Tenzing Norgay.
Cette année, parmi l'expédition vietnamienne à la conquête du mont Everest figurait une seule femme : Nguyên Thi Hoài Nam, journaliste du quotidien Tuôi Tre (Jeunesse). Elle a accompagné les grimpeurs vietnamiens jusqu'au Camp de base (5.364 m) pour filmer les moments inoubliables de cette performance hors du commun.
Quand on sait que beaucoup d'hommes en excellente forme physique ne peuvent même pas atteindre le sommet, on se demande comment cette femme a réussi à se rendre au camp de base. "Beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi je m'étais lancée dans cette difficile aventure sportive. C'est simple ! Je savais que l'organisateur de cet événement avait besoin d'une personne qui pourrait écrire des articles et réaliser un programme de télévision pour la diffusion au Vietnam. Et j'ai été contactée pour plusieurs raisons, la première étant que je suis journaliste dans le domaine lifestyle. Je travaille également comme animatrice du journal Tuôi Tre en ligne", raconte-t-elle.
Mais pour pouvoir être prête le jour J, il faut suivre un véritable entraînement d'athlète. Ainsi, en octobre dernier, Hoài Nam a effectué une reconnaissance sur place, par une température de 10°C à 15°C au-dessous de zéro. Puis, elle a enchaîné les sommets les uns après les autres : Pic Uhuru ou Kilimandjaro, massif volcanique de l'Afrique (Tanzanie) à 5.895 m, Island Peak, dans la chaîne de l'Himalaya, à 6.160 m. "C'était très dur ! J'ai vu beaucoup de gens abandonner en route. J'ai eu à faire face à beaucoup de pressions, mais le plus important a été de surmonter et vaincre ma peur. Si je laissais tomber à mi-chemin, tous mes efforts deviendraient vains ! Heureusement, mes compétences et mon esprit de journaliste m'ont aidé à surmonter les difficultés", confie-t-elle. Et des difficultés, Hoài Nam en a connues pendant l'expédition ! Seule femme du groupe, elle a dû faire ses 10 heures de marche quotidienne, au rythme d'hommes surentraînés. Pis ! Pendant 50 jours, elle n'a pu prendre ni douche, ni bain. Or, "une journée sans bain à Hô Chi Minh-Ville est impensable pour moi ! Mais, là-haut, dans les glaciers et les rochers, se laver les cheveux, se maquiller, se regarder dans un miroir, n'a aucun intérêt. Belle ou laide, peu importe : il faut survivre ! La température passait de - 25°C la nuit à 35°C pendant la journée et il était étonnant que nous puissions résister à une telle amplitude thermique". Que ce petit bout de femme a de l'énergie à revendre !
Hoài Nam a également compté sur la chance pour atteindre son but et revenir en sécurité. En effet, la glace se déplace et glisse facilement, avec des crevasses de plusieurs centaines de mètres. Quand la neige tombe, la montagne devient un piège mortel. N'oublions jamais que l'Everest s'est déjà révélé fatal à 210 alpinistes (décédés entre 1922 et 2007). "Après avoir vécu une telle expérience, j'ai pu apprécier la valeur de la vie. Seule la confiance en nous-mêmes peut nous aider à surmonter une situation difficile", renchérit-elle.
Après avoir atteint le camp de base à 5.364 m, Hoài Nam a-t-elle l'intention de retourner dans l'Himalaya pour essayer d'atteindre le sommet ? "Il n'est pas facile d'avoir une deuxième occasion de ce genre. Les dépenses pour le voyage sont assez élevées, soit plus de 60.000 dollars pour chaque personne. Mais si on me l'offre, alors j'y retournerai ! Je vais beaucoup m'entraîner et je pense que je résisterai encore mieux aux terribles conditions de la haute montagne", affirme-t-elle.
Source : Minh Quang/Courrier du Vietnam/(15/08/2008)