Une Australienne d'origine vietnamienne à l'Opéra de Sydney
Lorsqu'on demande au chef d'orchestre Trân Vuong Thach de définir la pianiste Nguyên Vân Anh, âgée de 19 ans, voilà le terme qu'il utilise. Encore inconnue du grand public, il lui suffit d'une apparition lors du programme "Mélodie d'automne", en août dernier à Hô Chi Minh-Ville, pour susciter l'admiration.
Fille d'un couple d'artistes, Nguyên Vân Anh touche son premier piano à l'âge de 15 mois. Son père, Nguyên Xuân Anh, est guitariste et sa mère, Phan Thi Kim Oanh, professeur de piano. À l'âge de 4 ans, Nguyên Vân Anh est envoyée au Conservatoire de Sydney pour y suivre une formation spécialement destinée aux talents en herbe. À 12 ans, elle se produit déjà régulièrement dans des programmes de musique de chambre pour la télévision et la radio australienne. À ceux qui oseraient encore douter de son talent, la jeune fille va définitivement faire ses preuves lors d'un récital au mondialement réputé Opéra de Sydney.
La suite n'est que la confirmation de ce talent unique. À Sidney, Vân Anh remporte en 1999, 2001, 2003, 2005 le concours de piano organisé par Yamaha et Kawai et réservé aux jeunes talents. D'ailleurs 2003 est en quelque sorte son année référence. L'adolescente se produit au Festival australien de musique de chambre à Townsville. Puis, Vân Anh décroche un prix lors du Festival international de piano d'été de Vienne (Autriche). Et c'est à la fin de cette année magique qu'elle réussit son concours d'entrée pour l'École The Hills Grammar, une des plus prestigieuses d'Australie. Débute alors son apprentissage vers l'élite. Sous la direction des professeurs reconnus comme John Perry, Marc Durand, Oleg Stepanov, Thomas Hecht, Michael Kieran Harvey et Daniel Adni, la pianiste travaille laborieusement. Artistiquement épanouie, elle participe à l'atelier international de musique de Sydney. Vân Anh y est l'unique Australienne d'origine vietnamienne parmi les 35 pianistes âgés de 14 à 28 ans, venant de divers pays. Emploi du temps chargé, entre représentations dans divers spectacles et les cours qu'elle donne pour des pianistes de 14 ans.
La petite fille est désormais une adolescente sûre d'elle. Vân Anh commence alors à parcourir le monde, arpentant les salles allemandes, autrichiennes, taiwanaises, américaines... Pourtant, elle confie que "le spectacle m'ayant le plus émue est sans aucun doute le programme +Mélodie d'automne+ qui s'est déroulé dans mon pays natal en novembre 2005". Tandis que les mélomanes découvraient son interprétation des oeuvres de Liszt, Mozart, Chopin, sa famille offrait pour l'occasion 15 bourses d'une valeur unitaire de 1.000 dollars aux étudiants du Conservatoire de musique de Hô Chi Minh-Ville.
Retour au pays natal
En août dernier, elle décide de participer une seconde fois au programme "Mélodie d'automne". Dans sa valise, des livres de droit et de communication l'attendent. En effet, Vân Anh suit des cours dans ces 2 matières. "J'écris souvent des articles sur la musique pour la revue de ABC Australie (NDLR : radio et télévision australienne). Je veux partager mes sentiments et connaissances avec tout le monde", explique l'artiste.
Lorsqu'on évoque ses projets d'avenir, on fait face à une adolescente déterminée et réfléchie. Une fois sa formation en droit et communication terminée, Vân Anh s'envolera pour les États Unis passer un doctorat en piano à l'École des arts de représentation de Colburn, à Los Angeles, avec une bourse de 80.000 dollars.
Son emploi du temps digne d'un ministre ne l'inquiète pas le moindre du monde. Etudes en droit et communication, cours pour les enfants dans l'école que ses parents ont crée, et 2 à 5 heures de piano par jour. "Jamais je ne me sens fatiguée lors que je joue du piano. Quand je me produis, je pense aux compositeurs et à leurs œuvres", confie Vân Anh. Elle avoue son penchant pour les œuvres de Chopin et Listz pour leurs caractères lyriques sans pour autant oublier les compostions aux difficiles techniques, citant alors Prokofiev, Rachmannioff, Debussy. Lors de "Mélodie d'automne", Vân Anh hypnotisait le public par un extrait du concerto N°2 de Shastakovich. Dans son pays natal, ce fut un tonnerre d'applaudissements qui consacra le retour de l'enfant prodige.
"Jamais je ne me sens fatiguée lors que je joue du piano. Quand je me produis,
je pense aux compositeurs
et à leurs œuvres"
Viêt Anh/CVN
( 240/09/06 )