L’art comme anti-destin.
Dans de nombreux textes et discours, Malraux fait de l’art une réponse à la mort. « Tout musée imaginaire apporte à la fois la mort des civilisations et la résurrection de leurs œuvres » (Malraux, 1972, p. 15). Le discours qu’il prononce en 1960, pour sauver les monuments de Haute Égypte est l’illustration de cette idée essentielle chez Malraux : « Notre civilisation devine dans l’art une mystérieuse transcendance et notre civilisation prend conscience que l’art mondial est son indivisible héritage ». La conscience de l'art sert de fil conducteur pour tisser des relations entre des formes qui ont en commun leur aptitude à mettre le monde en question. Pour Malraux, l'imaginaire est ce que l'homme crée en face des dieux. À côté de la présence du destin, avec la naissance, la vieillesse et la mort, il pose l'imaginaire séculaire comme « l'anti-destin, c'est-à-dire la plus grande création des hommes et le destin de notre civilisation », comme il le déclare dans le discours inaugural de la maison de la culture d’Amiens, en 1966 (Malraux, 1996, p 326). La culture, face aux machines à rêver, et à leur incalculable puissance, a le soin de conserver et de présenter « l'héritage de la noblesse du monde. »