Le mot "culture" tend à désigner la totalité des pratiques succédant à la nature. Chez l'humain, la culture évolue dans le temps et dans les formules d'échanges. Elle se constitue en manières distinctes d'être, d'agir et de communiquer. Ainsi, pour une institution internationale comme l'UNESCO : « La
culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs,
spirituels et matériels,
intellectuels et
affectifs, qui caractérisent une
société, un
groupe social ou un individu. Subordonnée à la nature, elle englobe, outre l'
environnement, les
arts et les
lettres, les
modes de vie, les
droits fondamentaux de l'
être humain, les
systèmes de valeurs, les
traditions, les
croyances et les
sciences. »
[1].
La notion de "culture" est au coeur d'un enjeu essentiel : celui de dire ce qu'est l'homme à travers ce qu'il fait. C'est pourquoi l'on observe à la fois une tendance à couvrir - en tache d'huile - des activités de plus en plus diverses et éloignées les unes des autres ("culture générale", "culture traditionnelle", "culture technique", "culture d'entreprise", "industries culturelles", "ministère de la culture", "cultures animales", etc.) et une propension à perdre toute signification précise ou tranchée.
On observe que le sens du mot "culture" dépend étroitement de la stratégie de l'institution ou de l'acteur social qui l'utilise, en opposition (plus ou moins explicite) avec d'autres. Par exemple, pour ceux qui souhaitent défendre le domaine des arts et des lettres, le mot "culture" peut être opposé au mot "technoscience", un peu comme autrefois on pouvait opposer "l'âme" et la "raison". Au contraire, pour ceux qui veulent défendre le côté créateur de la recherche ou de l'innovation, le titre de culture doit pouvoir leur être appliqué sans discrimination. Pour ceux qui abordent la question à partir d'une optique éducative ou pédagogique, la culture tend à désigner un "niveau" de
connaissances acquises, d’
instruction, de
savoir développé(s).
Pour les personnes qui, par profession ou intérêt, mettent l'accent sur les caractéristiques d'une communauté (linguistique, nationale, etc.), la culture représente l’ensemble de ses structures territoriales, de ses pratiques
sociales,
religieuses, commerciales, etc .
Pour ne pas trop trahir ces différences entre conceptions de la culture, on peut dessiner un "champ culturel" où elles se rencontrent et se confrontent par grands types d'activité :
- Les pratiques de paroles sont une création permanente et universelle, bien que toujours réalisées entre personnes concrètes. Associées à des actes matériels, elles constituent la culture dans sa spécificité d'activité humaine.
- Les pratiques artistiques font le plus souvent émerger des points de vue singuliers qui sont ensuite partagés et échangés.
- Les pratiques d'organisation des pensées et des sentiments (philosophiques ou religieux) cherchent au contraire à rassembler de grands groupes par la conviction et la séduction (le vrai et le beau selon Platon.
- Les pratiques de régulation (grammaticale, juridique, économique, technique, etc.) organisent les êtres humains selon des rapports mesurables et prévisibles.
Il est sans doute difficile - sinon impossible - d'empêcher que chacun de ces domaines prétende opposer sa propre conception de la culture aux autres.
Chaque société humaine possède sa propre culture, cherche à la distinguer des autres et admet plus ou moins en son sein, l'existence de cultures différentes.
Le multiculturalisme est une démarche qui insiste sur l'existence, dans un cadre politique souple et ouvert,d'une multitude de cultures qui se rencontrent, s'opposent, se mélangent et, finalement, se transforment et évoluent. L'un des problèmes de cette orientation, en phase avec la mondialisation en cours, est qu'on ne saurait dire si cette évolution va vers plus de diversité, vers de nouvelles diversités, ou vers une standardisation plutôt appauvrissante.