Quelles sont les difficultés de traduction des oeuvres étrangères ?
Certains traducteurs jugent que les écrivains
vietnamiens vivent dans un monde loin de celui de leurs confrères étrangers. Il semble que l'évolution des sciences et des technologies n'ait aucun intérêt pour eux. Seraient-ils indifférents à la littérature mondiale ?
Certains ont rapporté qu'une collection de contes choisis d'un auteur très réputé mondialement s'est vue amputer de moitié dans sa traduction vietnamienne ! Et encore il avait eu de la chance! La raison est que maintes oeuvres littéraires intéressantes dans le monde n'intéressent pas les écrivains ni des lecteurs vietnamiens. Au cours de ces dernières années, des oeuvres d'écrivains chinois n'ont pas été davantage traduites que celles d'autres auteurs dans le monde.
Ainsi, M.François Cheng, un des 40 premiers auteurs au monde, d'origine chinoise et membre de l'Académie française, écrit-il ses ouvrages en français depuis l'âge de 20 ans. Or, personne ici ne le connaît faute de traductions de ses oeuvres d'origine.
La convention de Berne est-elle une barrière ?
Pis encore, les connaissances sur la littérature russe ont été négligées depuis ces 15 dernières années. Tandis qu'en Russie, la création littéraire a connu de nombreux succès. Au Vietnam, il existait autrefois un nombre de traducteurs compétents des oeuvres littératures russes. Mais ceux-ci n'exercent plus. À leur avis, peu de " lecteurs modernes " s'y intéressent, sans compter les difficultés dues à la convention de Berne concernant les maisons d'édition vietnamiennes, surtout celles non professionnelles, peu expérimentées dans les négociations de droits d'auteur. Il ne s'agit pas de difficulté pour les Éditions de la jeunesse, à Hô Chi Minh-Ville. D'après Pham Sy Sau, chef du Département d'exploitations des thèmes et négociations des droits d'auteur de cette maison, l'important, c'est de labelliser les maisons d'éditions sur le marché mondial. Pour les nouvelles oeuvres littéraires, la recherche de bons traducteurs devient un impératif. Ceux-ci doivent être capables à la fois de traduire rapidement et fidèlement les oeuvres.
Quant au traducteur Nguyên Tiên Van, spécialisé dans les oeuvres en anglais, pour avoir des oeuvres bien traduites, il est nécessaire d'avoir une collection des oeuvres de l'auteur et de payer des droits même symboliques aux écrivains étrangers. Le Vietnam bénéficie encore de certains avantages, dont peu d'influence exercée par la convention de Berne. De plus, certains pays souhaitent coopérer avec le Vietnam pour la traduction de leurs oeuvres littéraires, considérant cela comme un vecteur important de faire connaître la culture, l'art et la littérature de leur pays. " Je souhaite qu'une politique plus souple et plus adaptée soit appliquée à la traduction et à l'édition. Ainsi, le problème des droits d'auteur ne sera-t-il plus difficile à résoudre comme maintenant ", a ajouté M.Van.
Hà Anh/CVN
( 20/11/05 )
Source : Le Courrier du Vietnam