De grands hommes nés sous le signe du Dragon
25/01/2012 12:43
À chaque période, ses grands hommes. Et c’est l’histoire qui en conserve la mémoire. À l’occasion du Têt Nhâm Thin (Année du Dragon), voici le parcours de quelques-uns nés sous le signe du Dragon.
TRUONG DINH (1820-1864), leader de la guérilla anti-française
Truong Dinh ou Truong Công Dinh est né en 1820 dans le village de Tinh Biên, district de Son Tinh, province de Quang Ngai (Centre). En 1844, alors âgé de 24 ans, Truong Dinh accompagne son père, Truong Câm, dans la province de Gia Dinh (Sud) où ce dernier exerce les fonctions de chef militaire provincial, sous le règne du roi Thiêu Tri (1807-1847).
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L'intérieur du temple dédié au héros national Truong Công Dinh, au chef-lieu de Go Công, province de Tiên Giang. Photo : CTV/CVN |
Là, Truong Dinh épouse Lê Thi Thuong, fille d’une riche famille dans le district de Tân An (province de Gia Dinh) et s’établit dans le pays natal de son épouse. En 1850, en répondant à la politique royale de défrichement des terres incultes, Truong Dinh réunit environ 500 paysans pauvres et dirige les travaux de défrichage et de fondation de nouveaux villages. En reconnaissance de cette action d’éclat de Truong Dinh, la Cour le nomme chef d’escouade.
Dès 1859, il lève des troupes insurrectionnelles pour attaquer les Français occupant Saigon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville), il doit se retirer ensuite à Go Công. Devant la supériorité des armes modernes, la Cour de Huê adopte d’abord une politique de concession, laquelle finit par aboutir à la capitulation. Elle signe avec les Français le traité de 1862, cédant à la France trois provinces orientales (Gia Dinh, Biên Hoa et Dinh Tuong). Elle ordonne à Truong Dinh d’évacuer sa base de résistance pour commander les troupes d’An Giang à l’Ouest de Luc Tinh. Consacré par le peuple Grand maréchal pacificateur des Occidentaux (Binh Tây Dai Nguyên Soai), il désobéit au roi pour continuer la lutte armée. Patriotique, Truong Dinh a de la compassion pour le peuple. Sa troupe de partisans est celle réunissant le plus grand effectif (6.000 personnes), faisant subir de lourdes pertes à l’ennemi. Cela influence et galvanise grandement le mouvement patriotique contre l’invasion étrangère. Truong Dinh et sa troupe reçoivent alors le soutien du clan des partisans de la guerre dans la cour royale, lettrés, progressistes et peuple. Il se lie à d’autres troupes de maquisards pour coordonner les opérations. Le champ d’activité des insurgés s’élargit sur plusieurs provinces.
Le 26 février 1863, l’armée française lance une attaque contre la troupe de Truong Dinh dans sa base militaire. La bataille est atroce. En raison du déséquilibre des forces entre l’ennemi et les maquisards, Truong Dinh décide de se retirer vers la province de Biên Hoà et Tây Ninh, conservant ainsi ses effectifs et les provisions pour continuer la lutte.
Fin 1864, lors d’une bataille à la base de Tân Hoà, Truong Dinh tombe malencontreusement dans le piège tendu par l’ennemi. Ce à cause de la trahison d’un maquisard rallié à l’armée opposée. Pris dans le guêpier, Truong Dinh et ses hommes se résolvent à mener une guerre à mort contre l’ennemi. Dans ce combat, Truong Dinh a le malheur d’être blessé par balle à la colonne vertébrale. Sa volonté de ne pas tomber aux mains de l’ennemi aboutit à son suicide, d’un coup d’épée, le 20 août 1864. Il était alors âgé de 44 ans.
La disparition de Truong Dinh fut une grande perte pour la résistance contre l’ennemi étranger. L’insurrection menée par Truong Dinh contre l’invasion étrangère fut un jalon important de l’histoire de défense nationale. Ému de ce sacrifice, le poète patriote Nguyên Dinh Chiêu a écrit Van tê Truong Công Dinh (Oraison funèbre en l’honneur de Truong Công Dinh).
Près de 150 ans après la mort de Truong Dinh, de nombreux ouvrages historiques, littéraires, théâtraux dont les auteurs sont Vietnamiens ou Français, exaltent encore les mérites du grand héros. Dans de nombreuses localités du Centre et du Sud, le peuple a bâti et conserve encore aujourd’hui les monuments commémoratifs en l’honneur de Truong Dinh. Une grande fête culturelle dédiée à notre héros se déroule chaque année à Go Công (chef-lieu de la province de Tiên Giang). Les hauts faits de Truong Dinh restent profondément ancrés dans la mémoire collective.
TRAN PHU (1904-1931), premier secrétaire général du Parti
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Trân Phu (1904-1931). Photo : Archives/VNA/CVN |
Trân Phu est né le 1
er mai 1904 dans une famille de lettrés patriotiques du district de Duc Phô, province de Quang Ngai (Centre). Orphelin de père à l’âge de quatre ans puis de mère à six, il vit une enfance douloureuse.
Intelligent et studieux, Trân Phu obtient en 1922 le diplôme d’études primaires supérieures, le plus élevé de l’enseignement français au Vietnam à cette époque (il est même le lauréat de l’examen). Il est ensuite nommé professeur à l’école primaire de Vinh (province de Nghê An). En 1925, il rejoint l’Association Phuc Viêt (rebaptisé plus tard
Tân Viêt Cach mang Dang - Parti de Nouveau Viêt révolutionnaire) à Vinh (Nghê An). Un an après, il se rend à Canton (Chine) pour organiser la fusion de son organisation avec l’Association des jeunes révolutionnaires du Vietnam.
En 1927, il retourne à Canton avant de se rendre à Moscou pour y suivre les enseignements de l’École supérieure de l’Orient. En 1928, il participe à la 6e session de l’Internationale communiste. En 1930, de retour au Vietnam, il est nommé au Comité central provisoire du Parti communiste du Vietnam (PCV) qui lui confie la tâche de rédiger le programme politique du Parti. La même année, le 1
er Congrès du Parti entérine ce programme, tout en élisant Trân Phu secrétaire général du Parti. Ce programme politique et d’autres documents écrits par le Président Hô Chi Minh (Tactique sommaire, Programme sommaire, des Statuts abrégés du Parti et de certaines organisations de masse, l’Appel lancé à l’occasion de la fondation du Parti) sont des actes importants du Parti permettant de définir les lignes stratégiques, les tactiques de base de la révolution nationale, ainsi que les buts et principes d’organisation comme d’action du PCV. Le document rédigé par Trân Phu précise l’objectif à poursuivre par la révolution vietnamienne. À savoir : entreprendre la révolution bourgeoise populaire avant de passer à la révolution socialiste. Le programme stipule que l’aboutissement de la révolution bourgeoise-populaire conduira à la création d’un gouvernement basé sur le bloc d’alliance ouvriers-paysans.
Trân Phu fut arrêté le 19 avril 1931 à Saigon. En prison, il continuait d’organiser des débats politiques pour ses compatriotes incarcérés. Malade et épuisé, il est décédé cinq mois après, le 6 septembre 1931, à l’âge de 27 ans. Avant de rendre l’âme, il a encore recommandé à ses camarades de prison : «
Restez combatifs !»
NGO XUAN DIEU (1916-1985), roi des poèmes d’amour
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Ngô Xuân Diêu (1916-1985). Photo : CTV/CVN |
Xuân Diêu est né le 2 février 1916 dans la province de Binh Dinh (Centre). Il fait ses études secondaires françaises d’abord à Qui Nhon (Binh Dinh), puis à Huê (ancienne capitale impériale) et enfin à Hanoi.
Membre du groupe littéraire autonome (
Tu luc van doàn 1938-1940) – groupe littéraire indépendant, Xuân Diêu publie son premier recueil
Tho tho (Poésie poésie) en 1938, puis
Phân thông vàng (Le pollen d’or des fleurs de pin) en 1939. La publication de
Tho tho, composé de poèmes exaltant l’amour, la jeunesse, le printemps, la joie, la nature, la vie et la passion de vivre, soulève à l’époque une vague d’indignation chez certains et d’admiration chez d’autres, de par sa poésie moderne, tant au niveau de la forme que du fond. Xuân Diêu est considéré comme l’un des chefs de file du mouvement de la Poésie nouvelle, prince de la poésie vietnamienne.
Outre la poésie, Xuân Diêu collabore pour les revues
Ngày nay (De nos jours),
Tinh hoa (Élite) et
Phong hoa (Moeurs) - organe de combat du groupe littéraire autonome (cette revue parvient, par la satire, à faire disparaître certaines mœurs et coutumes anciennes). Il est aussi un des fondateurs de l’Association nationale des journalistes.
En 1944, Xuân Diêu participe au mouvement Viêt Minh. Après la Révolution d’Août 1945, il s’engage dans différentes organisations culturelles nationales devenant, dès lors, un des poètes révolutionnaires. Il laisse derrière lui environ 450 poèmes, quelques nouvelles et de nombreux mémoires, critiques littéraires. Il se meurt en 1985, à l’âge de 69 ans.
HOANG HOA/CVN