Bonjour TLM,
Pour vous distraire en ce dimanche pluvieux, un petit tour dans le trésor de notre littérature classique.
Cordialement.
Dông Phong
Nam kha mộng / Songe de la branche du sud
Giấc Nam kha khéo bất tình
Bừng con mắt dậy, thấy mình tay không !
Traduction :
Comme le Songe de la branche du sud est stupide,
Car rouvrant les yeux au réveil on se retrouve avec les mains vides !
Nguyễn Gia Thiều (1741-1798)
Cung oán ngâm khúc (Complainte du gynécée royal)
Ces deux vers sont extraits de cette célèbre complainte vietnamienne longue de 356 vers composés en écriture démotique nôm. Ce sont les plaintes d’une belle odalisque qui avait connu tous les honneurs mais qui, rapidement, était délaissée par un roi volage. Des exégètes y voient plutôt la grande amertume du poète Nguyễn Gia Thiều, marquis d’Ôn Như qui, après avoir été nommé, à l’âge de trente ans, gouverneur militaire de la province de Hưng Hóa dans le nord-ouest du royaume, tomba en disgrâce et fut démis de ses fonctions. Il se retirait ensuite à la campagne pour vivre en ermite le reste de sa vie.
De son vivant, il était aussi réputé en poésie, en peinture, en musique et en architecture. Malheureusement, il ne nous reste que très peu de ses œuvres littéraires. Cung oán ngâm khúc (Complainte du gynécée royal) en est la plus connue.
Nam kha mộng (南南夢) ou Songe de la branche du sud, est une histoire racontée dans un poème du Chinois Lý Công Tá (李公佐, Li Gongzuo) de l’époque des Tang (618-907) : un homme s’était assoupi au pied d’un sophora et rêva d’avoir été nommé premier ministre après avoir épousé la fille du roi ; mais au réveil, il s’aperçut qu’il était couché sur une fourmilière, sous une branche du sophora pointée vers le sud.
« Le songe de la branche du sud » est devenu dans le langage courant synonyme de rêve insensé.
Dông Phong