Envoyé par
Dông Phong
Bonjour Anh Truc et Ti Ngoc,
Merci beaucoup pour vos aimables paroles.
Je n'ai pas voulu informer de mon nouveau livre sur FV de peur d'être accusé de publicité personnelle par des esprits chagrins.
Mais comme vous en parlez, je ferai une communication demain, à tête reposée.
Chers ami(e)s,
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution de mon dernier ouvrage publié sous mon nom de naissance :
Nguyễn Tấn Hưng
Proverbes et autres citations populaires du Vietnam
ISBN : 978-2-35664-061-1
310 pages
Aux Éditions Joseph Ouaknine
54, rue du Moulin à vent, 93100 Montreuil
Livre fait main à la manière de vieux grimoires, relié cuir, doré sur tranches et numéroté.
L'ouvrage se compose de 1503 citations classées par ordre alphabétique de A à Y, avec leur traduction en français et leur commentaire par l'auteur, et bénéficie d'une préface par le Pr. Henri Copin, de l'Université de Nantes, grand connaisseur du Vietnam.
Dông Phong
Préface
par Henri Copin
Université de Nantes
Fleurs de sagesse
Comme la très précieuse fleur de sel délicatement cueillie à la surface du marais salant, quand elle est n’est encore qu’un voile solidifié au dessus de l’eau, puis pieusement séchée et conditionnée, ce que l’on appelle la sagesse populaire se condense au fil du temps sous la forme de dictons, adages, proverbes, et autres aphorismes. Ce sont des formes qui frappent souvent par quelque aspect remarquable. Quelquefois leur sens relève de l’évidence, ou au contraire du paradoxe, avec un côté à la fois suranné et intemporel, tels ces bibelots qui traversent les temps sans se démoder, mais en étant déjà vieillots ou vieillis dès l’origine, parce qu’ils viennent de loin. Quelquefois c’est leur forme qui retient l’attention et la mémoire, formulation ramassée, construction parallèle, jeu de sonorité, de la formule, affinée au fil du temps.
Ces fleurs de sagesse ont en commun d’être anonymes, et anciennes. Nul ne peut dire qui les conçut, ni quand elles surgirent. Autre point commun : tout en manifestant les traits d’une identité culturelle, elles traversent souvent les frontières entre les cultures, dont elles montrent ainsi certaines parentés, des bases communes qui attestent que l’homme et la femme sont les mêmes partout et toujours.
En recueillant 1503 de ces manifestations de la sagesse populaire du Viêtnam, Nguyen Tan Hung offre un espace où promener sa curiosité, flâner, faire son bouquet de formules étonnantes, charmantes, profondes, drôles. Elles manifestent à la fois des aspects d’une culture proprement viêtnamienne, tout en rappelant fréquemment des proverbes et dictons français, créant un effet d’écho, soulignant ce qu’il y a de troublant dans les similitudes et les différences de l’altérité.
L’auteur précise en introduction quelques aspects techniques de ces formules, qu’il serait donc inutile et fastidieux de développer encore, rimes internes et rythme en 6/8. Soulignons plutôt que ces fleurs de sagesse, souvent issues de la tradition de joutes littéraires jadis pratiquées dans les milieux les plus divers, jouaient un rôle important dans la rhétorique de la conversation, comme points d’appui de l’argumentation ou de la narration, outils de l’autorité, bases de la connivence culturelle, ou parfois, simples exutoires de la tendance au radotage… Le jouent-elles encore, tout en évoluant ? C’est ce qu’il faudrait pouvoir vérifier…
Retenons donc, en passant, qu’il ne faut « jamais épouser un étudiant lettré » (à toi lecteur de trouver pourquoi…), « que celui qui mâche le bétel a les lèvres rouges », que l’être ridicule est « bas comme un canard qui porte chapeau conique ». Découvrons ce que signifie « petit, mais grain de poivre » ou encore « taquiner la lune et asticoter les fleurs ». Apprenons à dire d’un fanfaron qu’il est « bouche de tigre, foie de méduse ». Et accueillons les flatteurs aux paroles mielleuses en leur disant que « le dragon s’est rendu chez la crevette » !
Cette sagesse est décidément savoureuse ! Et Nguyen Tan Hung ne craint pas de rajouter la malice de ses propres commentaires, qui accompagnent chaque citation. Par exemple, au dicton qui affirme qu’« une femme mariée est comme une personne qui porte une cangue au cou », notre homme ajoute : « qu’est-ce qu’elle attend pour s’en libérer ? ».
Et toi lecteur, qu’attends-tu pour te lancer dans la lecture de ces proverbes et dictons du Viêtnam ?