Est-ce moi qui vous impose le maintien du quoc ngu? C'est bien trop d'honneur que de m'attribuer une quelconque responsabilité dans l'affaire. Jusqu'à nouvel ordre le gouvernement vietnamien ne m'a pas consulté à ce propos. En fait, ce qui vous impose le maintien du quoc ngu, c'est l'usage de la majorité. Il me semble que vous luttez à contre courant. Moi ce combat ne me concerne pas directement, mais j'aime apprendre et débattre, et je ne peux me retenir de pointer du doigt les affirmations gratuites et les arguments fallacieux.
Pour ce qui est de ma connaissance du VN et des idéogrammes, j'accepte votre critique. Je compte bien continuer à y remédier (d'où ma présence sur ce forum), merci donc pour ces échanges malgré tout constructifs.
Concernant les argument "fumeux" et autres accusations, inutile que je réponde. Il est bien connu que quand on commence à parler d'Hitler, c'est signe que le débat ne peut plus avancer. Je crois qu'une partie du problème vient de votre suceptibilité (mais le sujet vous tient à coeur, c'est bien), et de nos sens de l'humour aux antipodes l'un de l'autre. Comme mon intention n'était pas de vous tourmenter, je fais une pause dans mes échanges avec vous, jusqu'à ce que tempête se calme.
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Merci dannyboy pour ta réponse et les références. En effet ça se tient. Je me demande par contre si le remplacement du chinois par le quoc ngu (mais surtout le français) dans l'administration concernait tant que ça la population, ou bien si ce n'est pas plutôt le fait d'avoir été largement enseigné après 1918 (même plutôt après 1924, où est sorti un décret généralisant le quoc ngu à l'école primaire). D'après le document que tu cites, l'enseignement du quoc ngu était initialement réservé à un nombre très limité d'élèves (2 par communes), peu efficace car n'ayant pas le soutien de la population (car contrainte coloniale), et uniquement dans le but de former des administrateurs au service de la colonie. A côté de ça le document confirme ce que tu disais au sujet de l'interdiction de l'enseignement du chinois. A défaut d'en savoir plus, je dois admettre que tu as raison. Ce qui m'étonne c'est que les revues en chinois était quand-même autorisées.
Et quid du Nôm? Le document n'en parle pas. Sait-on à quel point son enseignement était répandu? Proportionnellement au chinois notamment. Que je sache, il n'y a jamais eu de revue en Nôm, et pour cause, l'existence d'une revue suppose l'existence d'un public. Si je ne m'abuse, au XIXè siècle le Nôm ne servait plus qu'à véhiculer quelques oeuvres (dont certaines majeures, comme le Kim Van Kieu), de village en village, lues à la population par les lettrés. Bref, son usage et sa transmission était réservés à la classe des lettrés. Entre autres à cause de la lourdeur de son apprentissage. Dans ces conditions, même en admettant que l'enseignement du Nôm n'ait pas été interdit, comment aurait-il pu concurrencer l'enseignement du quoc ngu, avec tous les avantages pragmatiques que ce dernier représentait?
Et quand-bien même le quoc ngu n'aurait jamais existé, peut-on pour autant affirmer que le Nôm aurait fini par prendre le dessus sur le chinois, et qu'il aurait atteint dans la société le même statut que l'écriture mixte au Japon? Je trouve toujours la comparaison avec le Japon un peu scabreuse, désolé. Il n'y avait pas les mêmes contraintes. N'oublie pas que l'écriture japonaise est plus simple que le Nôm car en japonais il est théoriquement possible d'écrire sans connaitre les kanji, en se contentant des kana (hiragana et katakana) qui sont comparables à un alphabet. Selon le paragraphe de wikipedia que j'ai cité plus haut, des nouvelles entières étaient écrites en hiragana (donc en phonétique). Contrairement aux Vietnamiens, les Japonais avaient donc déjà depuis longtemps de quoi écrire dans leur langue nationale, sans recours aux sinogrammes. Je ne sais pas si les Japonais ont rapidement adopté le système mixte actuellement utilisé, mêlant kana et kanji. Je m'avance peut-être trop, mais je suppose que la teneur en kanji dépendait du public visé par les textes. Pour les textes à large public, peut-être se limitait-on aux kanji les plus connus, pour qu'ils restent lisibles par une population plus ou moins éduquée? Quoi qu'il en soit, en japonais on a techniquement le choix d'opter pour le kanji ou le kana selon le public visé, voire le kanji anoté de kana. En Nôm, ce genre de compromis est impossible, ce qui le rend plus difficile d'accès.
Quant aux Chinois, bien qu'ils n'aient pas été colonisés, la question de la romanisation s'est quand-même sérieusement posée dans les temps précédant la réforme de 1946. Une partie de la classe dirigeante était bien déterminée à en finir avec les sinogrammes. De multiples systèmes de transcription existaient déjà (notamment ceux des missionnaires) et avaient manifestement fait leur preuves. Il est très compréhensible que cette voie ait été avortée. Cependant là aussi on pourrait très bien émettre des "si", tu ne crois pas?
Une citation de ton document en clin d'oeil pour HanViet :
Although romanized Vietnamese is called Quoc-Ngu, or national language, in its first two centuries of existence it had very limited use, being the language of literacy for those converted to the Catholic faith and educated in the mission schools. It had, however, one vital advantage: It is much easier to learn than the ideograms based on Chinese.