"On a aussi prétendu que les viets avaient adopté le quôc ngu de leur plein gré"
En effet, le
quoc ngu a été adopté de plein gré. En tout cas certainement pas de force. Le
Nôm n'a pas été "remplacé" par le
quoc ngu à la date précise de 1918, ni en raison d'une interdiction administrative. Techniquement pour le peuple, le
quoc ngu n'a rien remplacé puisqu'avant le XXè siècle, le peuple était illettré. M'enfin quoi, ce n'est pas comme si plein de gens lisaient et écrivaient le
Nôm!
En fait l'adoption du
quoc ngu a comblé un vide dans lequel le
Nôm n'avait pas trouvé la force de s'épanouir. Elle s'est faite progressivement, rapidement, et inexorablement, suivant les aspirations de toute une classe de lettrés, et avec le soutien intéressé d'une partie de plus en plus importante de la population (notamment l'intérêt pour les oeuvres en
quoc ngu qui ont fait un tabac, alors que les oeuvres en
Nôm étaient inaccessibles au commun des mortels).
Le
Nôm est mort car il était
has been pour les jeunes (i.e. pour l'avenir), trop complexe, trop rigide, trop chinois, bref... pour plein de raisons qui font que ce n'est pas une simple décision soi-disant française qui aurait tué le
Nôm. Au contraire, cette interdiction si elle avait existé (source?), aurait plutôt eu pour effet d'encourager l'utilisation du
Nôm par esprit de résistance nationaliste. Or l'écriture de la résistance au XXème siècle, ça a été le
quoc ngu, ce n'est pas pour rien, et je n'y peux rien. De même que si le
quoc ngu avait été imposé aux Vietnamiens, il aurait été vécu comme une contrainte de l'arbitraire colonial. Or à ma connaissance, la seule résistance qu'il y ait eu contre le
quoc ngu, c'est celle des lettrés conservateurs se battant pour la survie de leur cher patrimoine sinisé... et surtout pour leur gagne pain!
Le
Nôm est mort bien qu'au moment de l'arrêt des concours mandarinaux, le "parc" de lettrés capables de l'enseigner était au plus haut (pas bésef cependant...) et que rien ne leur empêchait de continuer à l'enseigner. Sauf que... il faut des années pour former un prof de chinois ou de
Nôm, et il faut quelques mois pour former un prof d'alphabétisation en
quoc ngu (quelqu'un qui sait lire et écrire, et qui est capable de l'enseigner à d'autres). Y'a pas photo, inutile d'aller chercher plus loin. Ce n'est pas 3 institutions coloniales par ci par là qu'il aurait fallu pour développer l'alphabétisation en
Nôm, mais un système éducatif de grande envergure que seul un pays comme la Chine, modèle international de cohésion sociale, est capable de mettre en place rapidement et efficacement (et encore).