Vietnam, le destin du lotus
25/01/2012 11:37
Domination chinoise, colonisation française, division du pays, guerre de libération nationale. Comme le lotus, capable de s’épanouir sur les marais les plus fangeux, la littérature vietnamienne moderne est née sur un sol mouvant de violence.
Vietnam, le destin du lotus, cet ensemble de textes sur le Vietnam, publié par la revue
Riveneuve continents (Paris 2010), dit la pérennité de la littérature francophone, qui fait partie intégrante de la littérature viet-namienne moderne.
«Domination chinoise, colonisation française, division du pays, guerre de libération nationale. Comme le lotus, capable de s’épanouir sur les marais les plus fangeux, la littérature vietnamienne moderne est née sur un sol mouvant de violence», note l’éditeur.
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Au Vietnam, on discute sur le choix d'une fleur nationale à Dà Nang.
Photo : Van Son/VNA/CVN |
La comparaison du Vietnam au lotus vient à son heure. Au Vietnam, on discute sur le choix d’une fleur nationale et la fleur de lotus pourrait être l’élue. Quant aux significations symboliques attribuées au lotus, elles varient avec les cultures et peuvent se classer en deux groupes. Certaines croyances vénèrent la fleur comme image de l’organe féminin de la reproduction. Ainsi l’ancienne Égypte voyait en elle la matrice première, créatrice de l’univers et de l’homme. Par contre, pour de nombreuses cultures, le lotus représente la pureté. Bouddha assis sur un lotus n’est pas souillé par la fange du samsara. Les confucéens prennent le lotus comme image du sage sans reproche. Les enfants vietnamiens apprenant par coeur à l’école à l’âge de six ans une chanson populaire qui parle du lotus : «
Proche de la boue, mais sans la puanteur de la boue».
Un recueil de textes français sur le Vietnam
Revenons à
Vietnam, destin de lotus. Comme recueil de textes français sur le Vietnam, il n’est pas le premier en date. Il en existe plusieurs à des dates différentes, visant des buts différents.
Ainsi, en 1944 a paru
L’Indochine à travers les textes de Marguerite Triaire dans la collection
Connaissance de l’Indochine, financée par la direction de l’Instruction publique de l’Indochine, le Vietnam y occupant une place privilégiée à côté du Cambodge et du Laos. L’Indochine française pétainiste était alors incorporée à l’orbite japonaise de la Grande Asie orientale. L’ouvrage, destiné à l’enseignement devait contribuer à un «patriotisme indochinois» d’obédience française. Il présente la géographie, l’histoire, les mœurs et coutumes des trois pays sans oublier de souligner l’œuvre civilisatrice de la Patrie-Mère.
La période post coloniale inaugurée par la Révolution de 1945 a été marquée par la publication du
Vietnam, l’histoire, la terre, les hommes (L’Harmattan, Paris 1993). Cet ensemble de textes rassemblés et présentés par l’historien Alain Ruscio est une œuvres de savoir et d’amitié inspirée par l’Association d’Amitié franco-vietnamienne. Il répond à un véritable besoin... Trente ans après Diên Biên Phu, le rapprochement et la coopération entre la France et le Vietnam ont fait des progrès extraordinaires. L’ouvrage, le premier de son genre, répond aux questions fondamentales que se posent touristes, coopérants, scientifiques, hommes d’affaires, enseignants, étudiants, tous les hommes soucieux de connaître leur temps. Cinquante-huit spécialistes, enrichis par une expérience directe avec le Vietnam, ont collaboré pour donner un ouvrage pratique de connaissance sur le pays, englobant le cadre naturel et humain, les données fondamentales de la vie écono-mique, politique, sociale et culturelle, la civilisation et l’histoire contemporaine.
Au début des années 90, dans le cadre de la Francophonie officielle, a vu le jour chez Nathan
Littératures Francophones d’Asie et du Pacifique où le Vietnam figure avec le Cambodge, le Laos, l’Inde, la Chine, le Japon, le Nouvelle Calédonie, la Polynésie française et Vanuatu. Du côté vietnamien, j’y ai collaboré avec le poète Nguyên Xuân Sanh. Le livre est destiné aux professeurs et élèves de l’enseignement secondaire, surtout à ceux des pays d’Asie du Pacifique. Ils y trouvent des textes qui parlent de la civilisation de leur pays et des pays de la région. C’est avant tout un livre d’aventure qui vise à faciliter le dialogue et la compréhension entre les peuples. Au nom d’une francophonie plurielle, «
il propose à ses lecteurs de cheminer, dans leur quête de liberté et d’épanouissement humain», à travers la langue française.
La Francophonie littéraire est un espace à créer
À l’heure de la mondialisation, le groupe
Riveneuve Continents préconise une francophonie non officielle, décentralisée, «
Francophone n’est pas une langue. Nous sommes des écrivains de langue française. La Francophonie littéraire est un espace à créer… grâce à la volonté de ses auteurs de créer des réseaux et horizons d’interrelations comme un archipel en expansion» (
Les littératures de langue française à l’heure de la mondialisation, sous la direction de L.Gauvin - Ed. Hurtubire, Montréal 2010). C’est dans cet esprit qu’a été publié en 2010
Vietnam le destin du lotus. Dans son article éditorial, Alain Guillemin analyse une révolution littéraire au Vietnam sous domination coloniale : sous l’influence de la culture française, une littérature moderne est née, dont fait partie la littérature francophone. L’ouvrage rassemble une trentaine d’auteurs appartenant à toutes les géné-rations, de Pham Duy Tôn né en 1908 à Minh Tran Huy née en 1979, en majorité vietnamiens. Il comporte trois volets : la littérature vietnamienne francophone dans la première moitié du XX
e siècle- les traducteurs et leur influence, les auteurs de la diaspora.
HUU NGOC/CVN