Bon , c'est pas le tout ... mais le 23 a
Je reprends....( car mon chat.. que j'adore .. a l'habitude de grimper sur la table et de regarder l'ecran de l'ordi ; mais il marche aussi sur le clavier et ce matin il a tout effacé ce que je venais de taper...çà m'a démoralisé !!!)
Donc c'est pas le tout, car le Têt approche et .. je n'ai pas encore éclusé tous mes articles sur le Têt !!!!
Aujourd'hui :
" La fête de Tao-Quân, Génie du foyer." - 1ere partie:
" Le véritable signal de la fête du Têt est donné le 23ème jour du 12ème mois, c'est à dire une semaine exactement avant le premier jour de l'An: chaque maison vietnamienne célèbre alors la fête des dieux Lares, ou plus exactement la fête de Tao-Quân, dit Ong tao, Ong Công ou plus vulgairement Vua Bêp. Tao-Quân doit en effet , ce jour-là, monter au Ciel d'où il redescendra dans la nuit du Gia-Thua (veille du Têt).
La maîtresse de maison a préparé en son honneur un repas qu'agrémente l'inévitable bouteille d'alcol de riz. En même temps, elle a fait acheter, chez le fabricant spécialisé, trois chapeaux emboités, à deux ailettes, et une paire de bottes noires comme en portaient autrefois les mandarins, le tout en vulgaire papier naturellement puisque destiné à être brûlé. Elle a aussi fait l'acquisition de barres d'or et d'argent, également en papier. N'oublions pas l'essentiel: deux carpes vivantes, dans une cuvette, qui, servant de monture à Tao-Quân, lui permettront de s'envoler au ciel: une pour l'aller, une autre pour le retour.
Dans les villes , les carpes sont, après la cérémonie, lâchées dans la plus proche rivière; mais à la campagne où nos paysans sont bien trop économes de leurs sous, comme tous les paysans du monde, les carpes font au préalable un court séjour dans la poële à frire familiale; puis elles sont placées sur l'autel de Tao-Quân; après quoi, bien entendu, il n'est plus question pour elles d'aller dans la rivière !... On se demande dans ces conditions comment le pauvre Tao-Quân peut se faire véhiculer jusqu'au 7ème Ciel!
Cette croyance, qui fut autrefois importée de Chine, possédait à l'origine une haute signification morale, qui s'est avec le temps profondément altérée.
La philosophie taoïste chinoise posait le principe qu'il existe, dans toute maison, cinq génies chargés de surveiller les actes bons ou mauvais de tous les habitants de cette maison: le Génie de la Porte d'Entrée, celui des Portes Intérieures, celui de la Toiture, celui du Puits et, enfin , celui du Foyer.
Peu à peu l'on en vint à attribuer à ce dernier un pouvoir plus étendu qu'aux autres; il finit donc par devenir l'oeil de Dieu-tout-puissant, le représentant de l'Empereur de Jade ( Ngoc-Hoàng) à qui en fin d'année , il rendait un compte exact de ce qu'il avait vu et noté sur terre, dans la famille où il était affecté.
Ainsi, de l'idée d'une constante présence à nos côtés de puissances surnaturelles faisant peser sur nos actes un contrôle muet, ce qui constituait, en somme, la voix de la conscience concrétisée et matérialisée, l'on arriva à l'idée d'un surveillant toujours à l'affût de nos gestes et prêt à aller nous dénoncer auprès de l'Empereur de Jade.
Cette déformation n'est pas particulière au Viêt-Nam, car la Chine elle-même l'avait consacrée depuis longtemps.
Dans de nombreuses provinces chinoises, comme le Hou-Pé, la fête du Génie du Foyer (qui se célèbre d'ailleurs le 24, et non le 23 comme au Viêt-Nam) s'accompagne inévitablement de l'inondation, au moyen de petites jarres d'alcool, de tout le foyer de la cuisine; on espère ainsi que le Génie, en se présentant quelques instants plus tard devant l'Empereur de Jade, sera tellement ivre qu'il ne pensera plus à tous les griefs qu'il a consignés, et peut-être qui sait, oubliera même son placet et s'en retournera bredouille !
Nous n'en sommes pas là au Viêt-Nam; mais il est certain que si, ce jour-là, nous offrons au Tao-Quân un chapeau neuf, des bottes neuves, des barres d'or et d'argent, c'est uniquement afin de nous concilier son indulgence, et pour que, interrogé par Dieu-tout-puissant, il voile d'une gaze pudique nos petites dissensions familiales, nos légers et innocents mensonges, nos brouilles avec notre acariâtre belle-mère, etc ...
Le culte de Tao-Quân, au cours de l'année, s'accompagne d'une quantité d'interdits qui constituent, à côté de bizarreries incompréhensibles, un excellent formulaire de propreté domestique:
"Il est interdit:
- de causer bruyamment dans la cuisine ou de s'y disputer
- d'y pleurer ou chanter
- d'entrechoquer sans motif les ustensiles, de frapper les marmites les unes contre les autres
- de brûler des papiers couverts de caractères
- d'y peler du gingembre, de l'ail et de l'oignon
- de laisser trainer des os, des plumes
- de frapper du pied
- d'oublier une hâche ou un couteau sur la table
- de laisser des immondices auprès de la porte ou dans un coin
- de faire sécher des vêtements et des souliers
- de faire cuire de la viande de buffle ou de chien
- d'y pénétrer ou même de passer devant l'âtre en état de nudité et de se livrer à des actes malhonnêtes. "
Au cours de ces dernières années , les journaux humoristiques se sont emparés de ce curieux personnage, idéalement comique par son accoutrement et son mode de locomotion, - car on ne sait pas pourquoi personne ne lui offre autre chose qu'un bonnet, des bottes et deux carpes - et aussi par son rôle d'espion des ménages. Chaque année, nos journaux tournent en ridicule le pauvre Tao-Quân en lui attribuant des des compte-rendus facétieux, dont les hommes du jour ou les évènements font abondamment les frais.
On connait les vers de Tu-Xuong :
" Hôm nay thang chap hai muoi ba,
" Ong Tao lên gioi mach chuyên ta.
(par Van-Hac dans France-asie n° 68)
(.. et demain si vous êtes sages, vous aurez droit à la légende qui va avec ce Génie du Foyer...) Tchao.. bonsoir