Les tambours et les khènes sont utilisés lors des cérémonies (funérailles, mariages), alors que le khène et la guimbarde servent aux garçons dans leurs entreprises de séductions des filles. Les Hmông utilisent le khène suivant un système de codage extrêmement complexe qui rend le décryptage de ce langage musical accessible aux seuls initiés.
La danse, exécutée par le musicien lui-même accompagne le morceau de musique joué avec le khène. La danse exécutée dans certaines circonstances peut poursuivre un but bien précis. Certains morceaux joués sur le khène lors des funérailles expliquent à l’âme du défunt le chemin à suivre pour se rendre dans le monde des morts. Le musicien-danseur prend cependant soin de dissimuler le chemin du retour vers le monde des vivants. Dans ces passages, la danse se caractérise par de nombreux changements de direction, afin de bien brouiller les pistes !
ORGUES À BOUCHE EN RADEAU : ASIE DU SUD-EST
Le khène du Laos représente un modèle évolué de l'orgue à bouche mais des formes simplifiées se retrouvent chez de nombreux peuples de l'Asie du Sud et du Sud-Est.
Au Bangladesh , les Murung, peuple tibéto-birman qui occupe la région située près de la frontière avec la Birmanie, utilisent un orgue à bouche très simple, le plung. Il est joué par les hommes en orchestres de dix à vingt pièces de plusieurs tailles lors des fêtes, pour satisfaire les esprits ou pour la danse.
CHINE, LAOS, THAÏLANDE, et VIETNAM : orgues à bouche des minorités
D'autres versions simplifiées du khène se retrouvent chez les minorités du Laos, de Chine et du Vietnam. Beaucoup de peuples d'origines diverses (austro-asiatiques ou Môn-Khmer, tibéto-birm anes et Miao-Yao dont font partie les Hmong) habitent ces pays. Cette diversité se retrouve dans les pratiques musicales, mais il y a une constante dans les instruments utilisés : l'orgue à bouche. Il joue un rôle essentiel dans la vie quotidienne sociale, familiale et religieuse. Il peut être joué en solo pour le divertissement solitaire ou en groupe pour accompagner le chant et la danse. Souvent, les musiciens improvisent sur base d'un répertoire de mélodies connues.
Les Hmong sont originaires du Sud de la Chine et sont des agriculteurs qui vivent dans les montagnes du Nord de la Thaïlande, du Vietnam et du Laos. L'orgue à bouche Hmong, souvent nommé qeej, est généralement composé de six tuyaux de longueur inégale et plus ou moins recourbés, insérés perpendiculairement à une longue embouchure en bois. En jouant, l'instrumentiste exécute des mouvements assez athlétiques, sautillant et tournoyant, parfois en position accroupie. Cette danse est exécutée comme prouesse physique ou pour induire les esprits en erreur.
Les Hmong au Laos et au Vietnam et les Miao en Chine ont la même origine. Les Miao nomment leur orgue à bouche lusheng. Il est joué lors de fêtes, mariages, enterrements et pour chanter des chansons d'amour, pour se faire la cour. Il est lié au cycle de la vie et au cycle agraire.
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