HISTOIRE DE THI KINH
Autrefois au pays du matin calme, vivait une jeune fille du nom de THI KINH.
Célèbre par sa beauté, elle voyait se presser à sa porte les prétendants les plus riches et les plus brillants.
mais dans sa soif de se dévouer, Thi Kinh les refusa tous pour choisir un homme sans fortune et sans attrait.
Le ménage dut mener une vie diffcile, mais la jeune fillle accomplissait avec joie les plus dures besognes trouvant son bonheur dans une affection fidèle et grave.
Une après midi, elle interrompit un instant son travail pour regarder son mari qui somnolait.
Elle remarqua sur son menton un poil de barbe qui poussait à rebours et eut l'idée de l'enlever.Prenant un couteau bien tranchant, elle l'approcha du visage endormi. Soudain réveillé, l'époux eut peur, s'agita et se blessa légèrement. Il se mit à crier, appela à l'aide, accusant sa femme de vouloir attenter à ses jours.
D'bord surprise, puis déçue et accablée, devant son mari en fureur et les voisins hostiles, la pauvre Thi Kinh ne sut que dire. Dans sa faiblesse et dans sa douceur, elle garda le silence. On prit cette résignation pour aveu et son mari la chassa.
Personne n'eut pitié d'elle. Ses anciens amis se détournèrent à son approche. Les prétendants éconduits et les femmes, qui ne lui pardonnaient pas sa beauté, l'insultèrent à l'envi. Sa propre famille la renia.
Méprisée de tous, Thi KInh choisit la voie de l'oubli et du renoncement. Après avoir revêtu des habits d'homme, elle se rendit dans une pagode pour demander à entrer dans la communauté des Bonzes.
Parmi les fidèles qui fréquentaient la pagode, une jeune fille ne tarda pas à remarquer la beauté de Thi KInh, malgrè l'humilité de ses vêtements religieux.
Elle chercha vainement à attirer son attention. Un jour elle l'aborda et lui parla sans pudeur. Aux premiers mots, Thi Kinh l'arrêta en la priant de respecter ses voeux. Dépitée, la folle jeune fille se donna à un homme qui la courtisait. Elle devint mère. Quand l'enfant vint au monde, elle le mit dans un panier et le déposa à la pagode, avec une lettre accusant Thi KInh d'en être le père.
Pendant que le Bonze supérieur lisait la lettre entouré de tous les bonzes, l'enfant se mit à crier. Thi Kinh se pencha et, de ses mains de femme souleva l'enfant pour le bercer. L'on se méprit sur ce geste naturel qui confirma aux yeux de tous l'odieuse accusation. Elle fut chassée de la communauté.
UN moment la pauvre femme fut tentée de mettre fin à ses jours. Mais elle eut pitié de l'enfant abandonné et se résigna à son sort. Elle mendia pour le nourrir et c'est ainsi qu'elle vécut pendant des années errant par les routes, l'enfant dans ses bras et son bol à la main.
A la fin, quand elle sentit ses forces la trahir elle se traîna jusqu'à la pagode et frappa pour la dernière fois à la porte de Bouddha.
En quelques mots elle raconta au Bonze supérieur ses longs malheurs, demandant qu'aucun tort ne fut fait à tous ceux qui en avaient été cause.
Elle le pria de lui pardonner son déguisement et confessa qu'elle était encore trop attachée à la terre et à elle même du temps où elle se trouvait heureuse avec son mari.
Puis elle s'éteignit en lui confiant l'enfant qui était devenu le sien.
Quand il apprit l'histoire de THI KINH, l'Empereur fut frappé d'admiration pour sa pureté et son abnégation.
Par décret impérial il l'éleva au rang de divinité, avec le titre de " QUAN TONG TU" la Miséricordieuse Protectrice des Enfants.
Son culte se répandit dans tout l'Extrême Orient.
Aujourd'hui, on peut encore la voir dans l'oubli où dorment les vieilles pagodes vietnamiennes. Sous les poutres noircies par un encens séculaire, parmi les statues de Bois vermoulues qui regardent la pénombre, la sainte est assise, son enfant dans ses bras, un sourire inaltérable sur son visage de mansuétude et de sérénité.