encore le phở ; c'est dans le Parisien .fr
03 juin 2012
Vietnam : avoir le phở sacré
Voyager au Vietnam sans déguster un phở (prononcez-le un peu comme « feu »), c'est comme parcourir l'Italie en refusant de manger des pâtes. Partout, d'Hanoï à Ho Chi Minh, d'Hué au delta du Mékong, nous avons croisé des marchands ambulants en train de touiller leur bouillon. Johan et moi nous sommes souvent attablés sur des mini-tabourets ou des chaises blanches en plastique pour échanger entre 25 000 à 40 000 VND contre un énorme bol de soupe aux nouilles.
La base du phở est un bouillon de bœuf qui a cuit au minimum 10 heures. On remplit le bol avec ce bouillon et on y ajoute, juste avant de servir, des nouilles de riz, des tranches de viande (le plus souvent du bœuf « bò »mais il peut aussi s'agir de poulet « gà » voire de crevettes « tôm »), du soja et des herbes aromatiques. Certains morceaux de bœuf sont encore crus lorsque que l'on vous sert votre soupe mais, n'ayez aucune inquiétude, le bouillon est tellement chaud que les morceaux vont cuire quand vous mélangerez votre soupe. Je vous déconseille, par contre, de tenter les tripes de bœuf ou les boulettes. Ce sont des mets que seuls les locaux savent apprécier.
Le phở a également un petit côté ludique, puisque, une fois servi, chacun l'assaisonne à sa manière. Ainsi, vous trouverez toujours à proximité une assiette contenant des quartiers de citron, du soja, des feuilles de basilic thaï, de coriandre, de ciboulette asiatique, de menthe et des rondelles de piment oiseau. Un bol d'oignons au vinaigre est également mis à disposition ainsi que diverses sauces. Personnellement, j'apprécie mon phở juste avec beaucoup d'oignons et de jus de citron mais, pour ceux qui veulent pimenter leur repas, déposez un ou deux piments dans votre soupe, laissez-les juste infuser et retirez-les sans les croquer, c'est plus sage.
Pour la petite histoire, le phở est originaire de la province de Nam Dinh dans le nord du Vietnam, où, au début du siècle dernier, des cuisiniers ont cherché à composer un plat vietnamien (nouilles de riz locales) mais en y ajoutant de la viande pour le goût « à la française » (les bovins avant l’arrivée des Français étant utilisés uniquement pour le travail des champs). Au final, cette soupe satisfait non seulement les palais européens et asiatiques mais aussi leur estomac : le bouillon est tellement brûlant, qu'il élimine tout risque de tourista.
Après quelques jours sur place et, en l'absence de tout petit déjeuner s'apparentant à des corn flakes, j'ai fini par apprécier le phở comme les Vietnamiens, c'est-à-dire le matin. Car, si cette soupe chaude se déguste à toute heure de la journée ou de la nuit, elle constitue le petit déjeuner le plus répandu. Et quoi de mieux pour commencer la journée qu'une boisson chaude rehaussée par un zeste de citron, des glucides, des protéines et beaucoup de verdure, le tout servi dans un grand bol de soupe !