J' ai lu cet article, ce journaliste ne vas pas avec le dos de la cuillere...
Qu'en pensez vous?
Par les temps qui courent, le new look veut que des fils à papa, des enfants de nouveaux riches ou de hauts fonctionnaires corrompus fêtent leurs amis dans des restaurants de luxe qui ne servent que des plats étrangers : boeuf australien, sushi japonais, pizzas italiens, hamburgers américains, sauerkraut allemand, que sais-je. Les plats vietnamiens sont considérés comme du "nhà quê".
Ce snobisme gastronomique me fait penser au snobisme linguistique au temps de la colonisation française. Dans sa comédie moliéresque Le Français Annamite (1931), Nam Xuong a attaqué violemment un intellectuel "retour de France" qui ignorait délibérément la langue de ses pères, langue de "nhà quê", ne parlant que le français et employant un interprète quand il s'adressait à ses compatriotes.
Il est certain que pendant 80 ans de domination étrangère, la politique coloniale qui réprimait toute velléité de patriotisme n'a pas manqué d'émousser et de ternir notre identité culturelle et nationale... Beaucoup de Vietnamiens des jeunes générations se demandent ce que c'est que l'identité culturelle. Dans les temples et pagodes, ils ne voient que des idéogrammes chinois. En ce temps de globalisation, les cultures occidentales envahissent la presse, la littérature, le cinéma, la TV, la danse, le théâtre... Comment déceler ce qui est authentiquement vietnamien ?
Higuchi, anthropologue culturelle japonaise qui a fait une étude parallèle des collectivismes japonais et vietnamien, compare la culture au vent qui est incolore et invisible, mais partout présent. On ne le voit concrètement que quand il fait flotter un drapeau. Ce drapeau symbolique, se matérialise sous plusieurs formes : couleurs, formes, sons, saveurs, gestes, sourire, coup d'oeil, larmes, ces mille petits riens qui font qu'une culture diffère d'autres, tout ce qui englobe le passé, le présent et l'avenir d'un peuple.
Baignant dans notre culture tangible et intangible, il nous arrive de perdre notre sensibilité et de la trouver banale. Parfois, ce sont des amis étrangers qui nous aident à redécouvrir ce qui est unique en elle.
C'est ainsi que les remarques pertinentes faites par le chercheur lao Lamphon Saykana, et d'autres anthropologues nous permettent de mieux apprécier notre cuisine.
Un séjour de plusieurs années dans notre pays a créé des conditions pour Saykana de goûter et d'étudier la gastronomie vietnamienne. Un adage vietnamien dit : "Même si le Ciel veut te frapper, c'est pas pendant le repas", soulignant l'importance accordée à la nourriture quotidienne. Les mères conseillent à leurs enfants : "Il faut se conduire comme un bol plein d'eau", image des rapports positifs entre personnes au sein de la société. Un simple repas de midi avec des collègues dans un restaurant quelconque peut être convivial : on sert les meilleurs morceaux des plats communs aux plus âgés. On évite d'être taxé de goinfre : "Quelques morceaux de trop vous valent une mauvaise réputation pour le reste de votre vie" (vieil adage).
“Quand on mange, il faut mâcher. Quand on parle, il faut réfléchir" ; "Même quand on ne mange pas à sa faim, On doit se garder propre. Même quand on est vêtu de haillons, On ne doit pas sentir mauvais" ; "on ne s'invite pas à manger, il faut attendre qu'on vous invite". De tels préceptes populaires dictent la manière de manger.
Le sens de la communauté des Vietnamiens régit aussi leur repas et pourrait répondre aux normes du théoricien de la gastronomie française Brillat-Savarin : "Convier quelqu'un, c'est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu'il est sous votre toit".
Dans un repas traditionnel en famille, on s'assoit sur une natte autour du plateau de plats communs. La mère de famille s'assoit à côté de la marmite de riz pour servir tout le monde. Avant de manger, on invite chaque commensal à prendre les baguettes, les moins âgés commencent. Chacun prend dans les plats communs ce qui lui plait. Les meilleurs morceaux sont réservés aux grands parents et parents qui les partagent d'ailleurs avec les plus jeunes. Si au cours du repas survient un visiteur, on l'invite à manger sans cérémonie avec la famille, "histoire d'ajouter un bol et une paire de baguettes". Un vin de riz capiteux, dit-on, doit être dégusté ensemble, avec des amis.
La philosophie du manger vietnamien imprègne des plats simples, sains et raffinés qui font la fortune des restaurants vietnamiens à l'étranger.
Huu Ngoc/CVN
(20/04/2008)
Il me semble qu'il existe des restaurants "authentiques" vietnamiens qui sont aussi couteux sinon plus qu'une pizzeria ou un hamburger "US". Les locaux qui aimeraient gouter occasionellement autres choses que des plats vietnamiens sont taxés de fils à Papa ou fils de "Hauts fonctionnaires corrompus"