On cherche toujours de quoi casser la croûte le midi, et pour pas cher, évidemment. Avez-vous pensé à une soupe vietnamienne ?
Savoureuse, nourrissante et légère à la fois, cette soupe-repas arrive dans un gros bol, ou un très gros bol. Quand elle arrive à la table, la réaction est immédiate : mais je n'arriverai jamais à manger tout cela ! Quand on pense que ça coûte entre 5 et 8 $...
Au Vietnam, on appelle ces soupes-repas phos, mais on prononce "feu".
Chez nous, on en trouve un peu partout mais c'est vraiment au coeur du quartier chinois qu'il faut aller, le long de la rue Somerset ouest, entre les rues Booth et Bronson, où on les retrouve depuis le milieu des années 1990.
Karl Lavoie est un Gatinois qui est tombé en amour avec les pho. Avec des collègues de travail chez Cactus (qu'il a quittée en mai 2007), comme Jean-François Picard, Hugo Delouvain et Antoine Normand, il a arpenté le quartier à la recherche de la meilleure pho.
"J'en ai essayé au minimum 15, a-t-il lancé. Juste autour de Somerset, il y en a une douzaine !"
Il faut faire attention au nom de la place qu'on visite. Parce qu'ils sont tous pareils... en apparence Ça s'appelle immanquablement Pho Quelque Chose, et souvent, Pho Bo Ga. Les plus révolutionnaires ont baptisé leurs restos Noodle House.
"En marketing, les Vietnamiens sont directs, poursuit Karl Lavoie : pho, ça veut dire soupe, bo veut dire boeuf et ga signifie poulet. Alors ils ouvrent un resto de soupes en l'appelant Soupe boeuf poulet."
Cette soupe ne contient rien de révolutionnaire : dans un bouillon de boeuf, des vermicelles de riz, un peu de viande (boeuf, poulet ou crevettes, parfois du porc), parfois quelques légumes, un brin de coriandre dans les endroits plus chics. En même temps, le serveur vous apportera un plat de feuilles de menthe fraîche et de basilic que vous déchirez juste avant de jeter dans la soupe. Il y aura aussi des fèves germées qu'on incorpore en même temps que les feuilles, et une tranche de limette, ou de citron.
Enfin, pour rehausser le tout, un long trait de sauce hoisin et un petit trait de sauce pimentée, rouge et très forte. C'est prêt à déguster.
À toute heure
"Au Vietnam, les gens mangent constamment des phos, même le matin, précise Hugo Delouvain, qui a habité à Saïgon pendant deux ans et demi. Celles qu'on nous sert ici sont très proches de celles du Vietnam parce que la viande est de bien meilleure qualité ici.
"Au Vietnam, il y a une chaîne de luxe qui s'appelle Pho 24 mais 99 % des bars à soupes se retrouvent dans les rues : un petit comptoir, deux ou trois petites tables et quelques chaises de plastique.
"En réalité, ce qui fait la différence, c'est le bouillon. Les restos vietnamiens ici sont tenus par des immigrants qui ont apporté leurs recettes familiales avec eux. Chacune a ses épices, ses petites touches personnelles."
Karl Lavoie a littéralement craqué devant ces soupes qu'il qualifie de "potions magiques" et qui lui rappellent "les soupes que nos mères nous servaient lorsque nous étions malades" ! Alors il se gave. "Je me souviens d'une semaine où j'en ai mangé à tous les midis et à tous les soirs, sans m'en lasser. J'en mange encore trois par semaine en moyenne." Pour Jean-François Picard, c'est un rendez-vous "cinq à 10 fois par mois".
Et les meilleures ?
Ensemble, les collègues de Cactus ont leurs endroits favoris pour déguster une pho.
"Je me souviens, se rappelle Jean-François Picard, que nous avions fait plusieurs classements : le meilleur bouillon, le service le plus rapide, les meilleurs rouleaux vietnamiens (l'entrée qui précède le service de la soupe), etc. Pho Thang Long (10-1315, rue Richmond, Ottawa 613-596-9270) et Pho Bo Ga 3 (947, rue Somerset ouest, Ottawa 613-216-8726) sont les meilleurs, selon nous."
À Gatineau, Karl Lavoie donne une bonne note à Pho Tu Do, qui s'est installé dans l'ancien restaurant Fridolin, au coin des rues Main et Maloney est.
Deux derniers conseils : pour les Nord-Américains que nous sommes, ces bars à soupes ne sont pas des plus accueillants. L'anglais est y approximatif, le français à peu près absent (sauf Pho Thang Long, le patron se débrouille bien). Leur idée du bilinguisme, c'est vietnamien-anglais. Il faut oser passer la porte et ne pas se sentir gêné. On demande une pho, tout simplement. Ils vous demandront : boeuf ou poulet ? Faites votre choix.
Et ne soyez pas timides de vous protéger vos vêtements. Les soupes éclaboussent, c'est immanquable.
Ça ruine les cravates, ça tache les blouses blanches. Vous êtes avertis.
Source: La Presse Canadienne Pierre Jury : Cracks de phos, soupes-repas du Vietnam | Actualités | Cyberpresse