Un Russe dans la forêt vietnamienne
Le docteur ès sciences russe Leonid V. Averynov a passé 20 ans à mener des études sur la flore vietnamienne. Avec ses collègues, il a découvert plus de 51 nouvelles espèces de fleurs, dont 49 genres d'orchidées.
Surnommé Lô, Leonid V. Averynov ne semble guère marqué par la fatigue après 4 heures de route en camion pour relier Dà Lat à la forêt de K'Long Lanh, dans le parc national de Bidoup, district de Lac Duong, province de Lâm Dông, dans les hauts plateaux du Centre.
D'allure svelte, Leonid marche lestement. Avec ses vêtements décolorés par le temps, sa ceinture made in URSS et son casque de soldat vietnamien sur la tête, il pourrait passer pour un vieil original. Mais alors que le groupe passe devant une orchidée, il s'arrête brusquement, l'oeil à l'affût. Il coupe la tige et fait une photo. "Leonid est un homme qui comprend les orchidées vietnamiennes", affirme Phan Kê Lôc, biologiste à l'Institut de biologie tropicale. "Ses yeux voient clair. Il distingue mieux que quiconque les petites espèces d'orchidée", reconnaît Trân Thi Thu Trang, une jeune chercheuse à l'Institut de biologie tropicale de Hô Chi Minh-Ville.
En ce moment, Leonid et une délégation des Instituts de biologie tropicale de Hô Chi Minh-Ville et de Hanoi sont en mission sur le terrain, dans la forêt de K'Long Lanh, accompagnés pour l'occasion de scientifiques du parc national de Bidoup, dans la province de Lâm Dông et d'un botaniste du parc Missouri, aux États-Unis. Léonid avance comme un familier des lieux, sa démarche est rapide et sûre, ses yeux scrutent minutieusement chaque espèce végétale.
Sept ans plus tôt, le botaniste russe s'était rendu dans la montagne de Bidoup pour étudier le pin du Tây Nguyên. "À cette époque, mes jambes étaient plus fortes que maintenant. J'avais marché quatre jours sans interruption", confesse Leonid.
Vingt ans consacrés à la flore
Leonid ne se sépare jamais de son appareil photo dont il est très fier pour les nombreuses bonnes photos qu'il a réussi à en tirer. Mais s'il parcourt avec acharnement les forêts vietnamiennes, c'est avant tout pour y trouver de nouvelles espèces végétales.
Parfois le parcours est semé d'embûches. Ainsi en 1997, alors qu'il cherche l'orchidée paphiopidélum, il contracte le paludisme et frôle la mort dans la forêt de Khanh Vinh, dans la province centrale de Khanh Hoa. Il doit quitter précipitamment le Vietnam pour la Russie. Mais nullement cela ne le décourage. Une fois rétabli, il revient au Vietnam et retourne dans cette fôret y terminer ses recherches restées en suspens, cette fois avec succès. Il donne d'ailleurs à l'espèce découverte, l'orchidée paphiopidélum, le nom de sa femme, P.Helenea.
Dans sa galerie de photos, on voit Leonid dansant avec des villageois d'une ethnie minoritaire du Tây Nguyên. Il y a certes la flore vietnamienne mais aussi ce pays et ses peuples qui sont autant d'attaches pour lui. Et de se rappeler ses débuts, quand sur les bancs de l'université il fit la connaissance d'un étudiant vietnamien avec qui il allait se lier d'amitié. "Le Vietnam est doté d'une très riche flore. J'ai décidé d'y venir une fois mes études achevées", affirme Léonid.
Le docteur ès sciences Leonid V. Averynov est un des 5 experts de premier rang dans l'étude des espèces végétales. Auteur de plus de 200 ouvrages scientifiques spécialisés, il a lui même écrit de nombreux livres. Les deux ouvrages majeurs de Leonid traitent des espèces d'orchidée paphiopidélum et du pin vietnamien, publiés en vietnamien et en anglais. Le scientifique russe a aussi soutenu sa thèse de doctorat sur l'orchidée vietnamienne.
Viêt Hoàng/CVN
( 1/12/05 )
Source : le Courrier du Vietnam