Fin septembre 2011, à l'appontement du chantier naval de Hông Ha, ville
de Hai Phong (Nord), le navire de guerre TT400TP a passé avec succès tous les procédés techniques de l'examen final, devenant le premier dans son genre fabriqué dans le pays. Un pas important de la Marine militaire vietnamienne vers sa modernisation.
Le matin du 27 septembre, au cabinet de la direction du chantier naval de Hông Hà (appelé aussi l'usine Z.173), le colonel Nguyên Van Dac, commissaire politique de l'usine, attend avec impatience un coup de fil. Le téléphone sonne. "Chef ! On a réussi la mise à l'essai de toutes les armes et équipements du navire. Les tirs d'artillerie ont atteint précisément leur cible". Un rapport concis qui fait bondir tout le monde de joie, dans la mesure où ce moment était attendu par des dizaines de milliers de personnes - gestionnaires, ingénieurs et ouvriers de l'usine - depuis des mois. "Le résultat a surpris même les spécialistes étrangers", s'enthousiasme le colonel Nguyên Van Dac, des trémolos dans la voix. Et de citer ces derniers : "C'est formidable ! Chez nous, on a eu d'ordinaire à tester et rajuster à maintes reprises, avant que le tir d'artillerie soit précis. Mais au Vietnam, il suffit de le faire une seule fois, avec une précision parfaite".
Une percée formidable
L'histoire commence il y a sept ans, lorsque le colonel Nguyên Van Cuong se voit confié le poste de directeur de l'usine Z173 qui a pour tâche de fournir à la Marine des équipements les plus avancés possibles. Le navire de guerre a été ainsi ciblé comme un des objectifs importants. Jour et nuit, le colonel Nguyên Van Cuong est tourmenté par une question qu'il se pose : l'importer ou le construire dans le pays ? Dans le premier cas, il faut choisir entre l'importation d'un navire complet et le transfert de technologies (c'est-à-dire : acheter le plan de conception technique globale, des équipements et accessoires détachés, procéder à leur assemblage sous la surveillance technique des spécialistes étrangers). Quant au second cas, il consiste à acheter à l'étranger le plan de conception technique élémentaire, à envoyer des ingénieurs à l'étranger apprendre la technologie spécialisée, à mobiliser les experts et les techniciens disponibles pour procéder à la construction du bâtiment de guerre.
La question est tranchée deux ans après. Après de mûres réflexions, la direction de l'usine Z173 arrête son choix sur la seconde solution : acheter à l'étranger les plans de conception élémentaire concernant l'ossature du bateau, ses équipements et ses armements à bord. Ensuite, en collaboration avec l'Institut de conception technique des forces armées, l'usine Z173 procède à élaborer des plans techniques concrets et à réaliser les travaux de construction. Selon les analyses, cette solution permet de diminuer massivement le coût d'un tel navire (environ un million de dollars) par rapport à celle de transfert de technologies (environ dix millions de dollars). Un projet certes audacieux, mais faisable. Auparavant, l'usine Z173 a réussi à élaborer et à construire des bateaux de gardes-côtes modernes, modèle TT400.
La période de préparation dure trois ans. Des centaines d'ingénieurs expérimentés de l'usine ont été désignés pour suivre des cours de reconversion professionnelle à l'étranger, alors que l'usine Z173 a procédé à la recherche des partenaires étrangers (pour les achats) et des investisseurs (que sont l'armée de la Marine et le ministère de la Défense).
Des nuits blanches qui paient
Le 22 avril 2009, le projet du navire militaire TT400TP est mis sur les rails, au chantier naval de Hông Ha. "La construction de TT400TP s'est faite selon les technologies avancées mises au point à l'étranger, lesquelles consistent à construire à part des modules qui seront ensuite assemblés, ce qui permet de réduire le temps de construction et d'assurer une précision parfaite", insiste le colonel Lê Van Thuoc, directeur adjoint chargé de la technique de l'usine Z173. Pour sa part, le colonel Bui Duy Chinh, chef du Service de la technique, relate le processus de la construction, dont les maillons les plus difficiles sont la conception détaillée du bateau (pour qu'il puisse atteindre une vitesse maximale en toute situation) et l'installation des armements. "Ce problème de mathématiques ardu a coûté aux ingénieurs de nombreuses nuits blanches". Il cite le cas du lieutenant-colonel Nguyên Van Tiêp, chef de l'atelier d'armements et de munitions de l'usine Z173, qui a "travaillé jour et nuit dans la cale obscure où la température monte souvent à 37° - 38°C, sans penser ni à manger ni à dormir". Résultat, le premier navire de guerre made in Vietnam a fait son apparition le 27 septembre 2011, après presque deux ans et demi de chantier.
Pour le colonel Cao Hoà Binh, directeur du Département de la technique de la Marine : "La naissance du bâtiment de guerre made in Vietnam appuiera grandement la Marine vietnamienne dans son œuvre de défense de la sécurité et de la souveraineté nationales, sans oublier le développement de l'économie marine. En quelques mots, il témoigne d'un progrès majeur de l'armée de mer nationale sur son chemin de modernisation".
Pas peu fier, le colonel Nguyên Van Dac affirme que les ingénieurs, techniciens et ouvriers de son usine ont "progressé à vitesse grand V" en matière de qualification professionnelle. "J'espère qu'à partir du 3e navire TT400TP, l'usine pourra faire à elle seule tous les maillons, de l'élaboration à la technologie de construction". Et de conclure : "Pour nous, la construction de ce TT400TP est non seulement une grande mission confiée par le pays, mais encore une grande fierté".
Le navire de guerre TT400TP en faits et en chiffres
Le TT400TP est un genre de navire militaire équipé des armements sophistiqués à commande automatique. Un bâtiment de guerre important qui mesure 54,16 m de long ; 9,16 m de large, et capable d'atteindre une vitesse maximale de 32 milles marins par heure. Avec un rayon d'activités de 2.500 milles marins, le TT400TP a une autonomie de 30 jours et nuits d'affilée, et peut mener des opérations militaires même en mer tempétueuse.
Sa mission est lourde : anéantir les navires de guerre, de débarquement et d'escorteur envahisseurs ; défendre la flottille de combat nationale ainsi que les bateaux détecteurs et démineurs ; défendre la flottille de transport maritime nationale ; mener des opérations de reconnaissance et de surveillance en pleine mer.
Nghia Dàn/CVN
27/11/2011 |