Les succès des 20 ans de Renouveau
Depuis l'œuvre de Renouveau amorcée en 1986, le Vietnam a connu d'importantes avancées socio-économiques, avec comme principales bénéficiaires l'industrialisation et la modernisation.
En fixant comme principe une économie de marché à orientation socialiste, le Dôi Moi a permis au pays d'adopter de nouveaux objectifs qui allaient considérablement changer son visage économique. Neuf ans plus tard, le Vietnam voit pour la première fois les résultats positifs des objectifs définis dans le plan quinquennal 1991-1995. Une crise socio-économique évitée alors que le pays entre dans une nouvelle ère, celle de l'industrialisation et de la modernisation.
Des chiffres sont là pour en attester mais aussi mesurer l'ampleur du chemin parcouru. De 1996 à 2005, l'économie nationale a connu un rythme d'enfer, portée par une croissance annuelle moyenne du PIB de 7,5%, avec un pic à 8,4% l'an dernier. La valeur de la production industrielle et de construction connaît une hausse annuelle de 15% alors que pour le secteur tertiaire, elle est de 7,5%. De même, l'agriculture poursuit sa spectaculaire métamorphose en se diversifiant tous azimuts. Autrefois importateur de vivres, le Vietnam est aujourd'hui le 1er expor- tateur mondial de poivre, le 2e pour le riz, le café et la noix de cajou, le 4e pour le caoutchouc.
La structure économique du pays a ainsi vécu une mue des plus efficaces. Le pourcentage de l'agriculture dans le PIB a diminué d'une année à l'autre pour représenter en 2005 qu'un cinquième du PIB. Le secteur de l'industrie et de la construction occupait pour sa part 41% et celui des services 38,1%, contre respectivement 21,6% et 33% en 1988. Parmi les domaines qui tirent ces secteurs vers le haut, on note la hausse des exportations industrielles, le rapide développement du tourisme, des télécommunications, des services financier, bancaire et juridique.
Force de diverses composantes économiques
Grâce au Dôi moi, différentes composantes économiques ont su profiter des opportunités. Dans le secteur public, les entreprises ont connu une véritable réorganisation dans le but affiché de rendre leur productivité plus efficace. La gestion étatique a connu des réformes nécessaires afin de supprimer progressivement les subventions et encourager les responsabilités des établissements. Jugez ! En 1990, on recensait 12.084 compagnies aux fonds entièrement étatiques. Quinze ans plus tard, elles ne sont plus que 2.980. À cela s'ajoute 670 sociétés par actions où l'État détient plus de 51% du capital. Toutefois, si rénovation et diminution il y a eu, l'efficacité, elle, est bien présente : les entreprises étatiques représentent 38,5% du PIB 2005 et la moitié du budget d'État.
Le secteur privé, malgré sa jeunesse, se porte bien, contribuant à 46% du PIB. S'appuyant sur le potentiel des habitants, il est une force motrice pour le développement économique. Pour sa part, le secteur à participation étrangère, quasiment absent en 1990, est devenu un élément important de l'économie vietnamienne. Pont entre le Vietnam et le monde pour les transferts technologiques, il contribue à 15,5% du PIB, plus de 7,5% du budget d'État et 23% de la valeur nationale des exportations (sauf pétrole brut).
Deux décennies de Renouveau ont permis de construire un système juridique et un mécanisme d'économie de marché socialiste d'une manière synchronique. Pour résumer, les formes d'entreprise et l'appareil de gestion étatique ont connu de profondes rénovations. L'intervention directe de l'État s'est transformée en une intervention indirecte à travers l'arsenal juridique, les politiques et différents outils de régulation macroéconomique. Grâce à quoi, le marché des marchandises s'est rapidement développé et les services, emplois, technologies et l'immobilier ont vu le jour.
Intégration internationale
Avec la politique d'intégration internationale, les relations économiques entre le Vietnam et d'autres pays et organisations connaissent un profond élargissement. Devenu membre de l'Association des pays d'Asie du Sud-Est (ASEAN), le Vietnam respecte également les engagements de la zone de libre-échange de l'ASEAN (AFTA) et l'accord commercial avec les États-Unis. Sans oublier les discussions sur son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. Aujourd'hui, le Vietnam mène des relations commerciales avec 221 pays et territoires tout en ayant apposé sa signature au bas de 90 accords commerciaux bilatéraux.
Grâce à l'intégration, l'import-export vietnamien a connu une hausse continuelle en valeur et en quantité au point que son chiffre d'affaires à l'exportation atteint plus de 25 milliards de dollars par an. Les produits vietnamiens sont concurrentiels sur le marché mondial. L'exportation des services augmente considérablement en représentant 19% de la valeur totale des exportations. L'importation excédentaire, malgré sa grande valeur, reste toujours sous contrôle et a tendance à diminuer.
Une autre performance de l'œuvre de Renouveau est d'avoir réussi à résoudre efficacement les relations entre la croissance économique et le développement socioculturel, en poursuivant un idéal de progrès et d'équité social. Le programme national de réduction de la pauvreté a dépassé les Objectifs de développement millénaire fixés par l'ONU. Depuis 5 ans, plus de 7,5 millions d'emplois ont été créés. Le taux de chômage dans les cités urbaines était de seulement 5,3% l'an dernier. Les revenus personnels ont atteint près de 640 dollars en 2005, contre 200 dollars en 1990. Le pourcentage de familles démunies était de 7% en 2005, contre 30% en 1992 selon les normes nationales. Grâce à l'amélioration des soins sanitaires, l'espérance de vie des Vietnamiens atteint maintenant 71,3 ans contre 68 ans en 1999.
Vingt ans de Dôi moi accomplis. Que de chemin parcouru pour une économie vietnamienne entièrement remaniée mais qui n'oublie pas ses objectifs socialistes.
Vu Linh Huong/CVN
(20/04/06)
Source : Le courrier du Viêtnam