Les kinés français auprès des enfants vietnamiens
Fondée il y a 12 ans, l'association française Rizière a pour but de venir en aide à l'enfance. Son fondateur et président, Gilles Haïssat, est kinésithérapeute. C'est ainsi qu'il fixe comme objectifs de former des kinésithérapeutes vietnamiens et de créer des services de consultation
autonomes. Dès 1995, il s'est impliqué dans les hôpitaux de Hô Chi Minh-Ville puis, depuis l'année dernière, auprès des petits Hanoiens de l'hôpital Saint-Paul.
L'association française Rizière est présente dans les hôpitaux vietnamiens depuis 12 ans. Un laps de temps consacré à enseigner la kinésithérapie respiratoire, particulièrement efficace pour les enfants atteints de bronchite capillaire et d'asthme-bronchite. De Hô Chi Minh-Ville à Hanoi en passant par Dà Nang, Rizière s'implique également dans les grands hôpitaux en formant des kinésithérapeutes.
L'histoire débute avec un homme, Gilles Haïssat, kinésithérapeute. Une première mission l'envoie au Vietnam en 1994, bénévole à l'hôpital gynécologique Tu Du de Hô Chi Minh-Ville. Six semaines passées dans la plus grande maternité de la mégapole du Sud ; suffisamment de temps pour se rendre du peu de considération dont jouit la kinésithérapie dans les hôpitaux vietnamiens. Gilles Haïssat se demande alors : "Pourquoi ne pas développer cette discipline comme des soins indispensables et efficaces?" Une fois rentré en France, il décide de monter une association à but humanitaire et non lucratif, qu'il a baptisée Rizière, et dont le but sera d'aider les hôpitaux vietnamiens à développer leurs services de kinésithérapie.
L'association Rizière à Hanoi
Une décennie plus tard, Rizière a envoyé plusieurs de ses membres au Vietnam. Avec efficacité puisque 5 hôpitaux de Hô Chi Minh-Ville et un de Dà Nang ont ouvert des services de kinésithérapie. En octobre 2005, l'association envoyait encore un des siens avec une mission bien précise, à savoir implanter un premier service dans la capitale vietnamienne.
Physiothérapeute, Hugues Tierny exerce à l'hôpital Saint-Paul depuis 9 mois. Suite à sa présence, une salle de consultation en kinésithérapie infantile a vu le jour au cœur de l'établissement. Le Français a aussi bénéficié de l'aide de 2 kinésithérapeutes du Service de réhabilitation fonctionnelle, Nguyên Mai Huong et Lai Duc Hanh. Ensemble, les praticiens français et vietnamiens ont commencé à donner des soins de kinésithérapie respiratoire et orthopédique aux enfants.
Dès qu'ils ont un peu de temps libre, les kinés se promènent dans les différents services comme la néonatalogie, les urgences de réanimation pédiatrique, etc. "La plupart des médecins vietnamiens considère que la kinésithérapie n'est qu'un traitement de réconfort, alors qu'il est prouvé que ses soins sont indispensables", constate Hugues Tierny.
La présence et le travail du praticien français commencent cependant à faire son œuvre auprès des collègues vietnamiens. Pour le chef du Service de réhabilitation fonctionnelle, Vu Van Mùi, "la kinésithérapie respiratoire est particulièrement utile pour les enfants atteints de bronchite capillaire et d'asthme-bronchite". "Il s'agit de maladies fréquentes chez les enfants vietnamiens, notamment dues aux conditions climatiques du pays, avec de l'humidité, de la chaleur en été ainsi que de nombreux caprices météorologiques tout au long de l'année", ajoute le médecin.
"La kinésithérapie consiste à aider les petits enfants à se libérer du crachat alors qu'ils sont trop petits pour y parvenir eux-mêmes", explique-t-il.
"Avant, le kinésithérapeute n'intervenait qu'après l'utilisation des antibiotiques. Mais depuis la kinésithérapie a montré qu'elle pouvait aider l'enfant à se libérer du crachat. De fait, la méthode est considérée comme un traitement thérapeutique", dit le médecin. "Aujour- d'hui, la méthode présentée par le kinésithérapeute français consiste à intervenir le plus tôt possible, c'est à dire dès le moment où le médecin diagnostique le râle de l'enfant", raconte le chef du service. "Cette intervention se montre très efficace, permettant une guérison rapide", indique-t-il, "dans certains cas, elle évite même l'utilisation d'antibiotiques", insiste le médecin.
Le médecin raconte aussi sa surprise lorsque pour la première fois il vit à l'œuvre le kinésithérapeute. "Il est très énergique dans ses gestes, ce qui donne son efficacité au traitement", affirme le médecin. "Pourtant, cette manière de faire fait peur aux parents qui s'inquiètent pour leurs enfants", remarque le médecin. "Il n'y a pas de souci", poursuit-il, "les actes sont bien calculés afin de toujours assurer la sécurité des patients".
Un service autonome
Le chef du Service de réhabilitation fonctionnelle fut l'un des premiers médecins à prendre conscience de l'efficacité de la kinésithérapie respiratoire. Puis cette opinion s'est de plus en plus répandue chez les autres médecins. "Des médecins font de plus en plus appel à nous ou orientent les parents vers nos services", remarque le kinésithérapeute français.
"Nos patients sont variés, allant des nouveau-nés jusqu'à des adolescents de 15 ans", précise le praticien Hugues Tierny. "Travailler avec les petits d'un an et demi à 3 ans est le plus difficile. Car ils sont trop grands pour se laisser faire mais trop petits pour participer au traitement", raconte-t-il.
"Une expérience très enrichissante et humaine", confie Hugues Tierny,
35 ans. "Je suis le seul étranger dans l'hôpital, d'où des contacts privilégiés avec le personnel, les enfants et les familles", explique le kinésithérapeute pour qui cette mission au Vietnam est une première.
À la fin de ce mois, pourtant, le kiné français reprendra ses valises et quittera l'hôpital. Rien qu'un au revoir ? Le président de l'association et les responsables de l'hôpital ont déjà envisagé une seconde mission qui débutera en octobre. "Entre ces 2 missions, il y aura 3 mois où le service travaillera seul et indépendamment. Une excellente occasion d'assurer le passage de témoin et de voir le chemin parcouru et à parcourir", indique le président de l'association. D'ailleurs lui reviendra en août pour une mission de contrôle, "entre temps, les kinésithérapeutes vietnamiennes nous enverront le bilan des activités", ajoute-t-il.
Gilles Haïssat peut être confiant en ses collègues vietnamiens. D'ailleurs, le chef du Service de réhabilitation fonctionnelle, Vu Van Mùi, lui a fait ce serment d'"informer collègues et parents pour que la kinésithérapie profite avant tout aux enfants".
Cinq services de kinésithérapie néonatale et pédiatrique à Hô Chi Minh-Ville
Maternité Tu Du : Formation de 6 kinésithérapeutes. Le premier service ouvert en 1995.
Hôpital Hùng Vuong : Formation de 3 kinésithérapeutes. Service ouvert en 1998.
Hôpital général Nhân Dân Gia Dinh : Formation de 4 kinésithérapeutes. Service ouvert en 2001.
Hôpital pédiatrique Nhi Dông 2: Service ouvert en 2003.
Hôpital Nguyên Tri Phuong : Service ouvert en 2004.
Le programme de formation des kinésithérapeutes et de création de services autonomes au sein d'hôpitaux vietnamiens est soutenu par le Service d'action culturelle et de coopération de l'ambassade de France au Vietnam, le Conseil régional de Champagne-Ardenne et la ville de Reims.
Hoàng Hoa/CVN
( 18/06/06 )
Source : Courrier du Vietnam
http://lecourrier.vnagency.com.vn/de...REPLY_ID=35123