Un directeur de prison séduit par "l'appât" du gang des barbares
Florent Goncalves a été mis en examen pour avoir fait bénéficier d'un traitement de faveur la jeune femme ayant servi d'appât dans l'enlèvement, suivi du meurtre d'Ilan Halimi. Il est soupçonné d'avoir eu des relations sexuelles avec elle.
Le directeur de la maison d'arrêt pour femmes de Versailles a été mis en examen mercredi pour avoir fait bénéficier d'un traitement de faveur la jeune femme ayant servi d'appât dans l'enlèvement suivi du meurtre d'Ilan Halimi dans l'affaire du "gang des barbares", ont indiqué jeudi 13 janvier des sources concordantes.
Florent Goncalves, 41 ans, a été mis en examen à Versailles pour "remise illicite d'une somme d'argent et d'objets interdits à une détenue" avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire, ont indiqué à l'AFP le ministère de la Justice et une source proche de l'enquête, confirmant une information du Parisien/Aujourd'hui en France.
Il lui est reproché d'avoir, entre décembre 2009 et octobre 2010, eu des relations sexuelles en échange d'un traitement de faveur avec une détenue de 21 ans, condamnée en première instance et en appel à neuf ans de réclusion pour avoir servi à appâter Ilan Halimi, un jeune juif tué en 2006 après trois semaines de séquestration.
"Un homme amoureux"
Florent Goncalves, décrit par la source proche de l'enquête comme un "homme amoureux", a reconnu les faits, comme la jeune détenue, qui avait quitté la maison d'arrêt pour femmes de Versailles à l'automne dernier à l'approche de son procès en appel, devant la cour d'assises des mineurs du Val-de-Marne, pour être transférée à la prison de Fresnes.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole du ministère de la Justice, Bruno Badré, a souligné qu'il s'agissait de "faits exceptionnels" qui "ont justifié que dès le mois de novembre la Chancellerie saisisse l'inspection générale des services pénitentiaires et que, dès le rapport connu, elle suspende" le directeur de la prison.
"Une réponse ferme"
L'interdiction qui lui a été faite par le juge d'instruction d'exercer sa profession est "une réponse ferme pour un délit qui relève du tribunal correctionnel", explique le procureur de Versailles Michel Desplan dans Le Parisien.
Un gardien de prison a également été mis en examen pour avoir fourni une puce électronique à la jeune femme. La détenue est, quant à elle, poursuivie pour recel.
Le directeur, le gardien de 36 ans et la jeune femme avaient été placés en garde à vue lundi matin dans les locaux de la police judiciaire de Versailles, qui avait été chargée des investigations à la suite d'une enquête interne de l'administration pénitentiaire, selon la source proche de l'enquête.
Dans son ouvrage "L'affaire du gang des barbares" (Ed. Flammarion 2010), Elsa Vigoureux, reporter au Nouvel Observateur, qui a suivi le procès du gang des barbares pour Nouvelobs.com, décrit une jeune fille qui "physiquement, n'a rien d'une gamine". (Elle a 17 ans à l'époque du rapt d'Ilan Halimi). "Elle aguiche, provoque, séduit. Comme si son corps ne lui appartenait pas, elle croit en retrouver la maîtrise quand elle en fait une arme, qui se retourne finalement toujours contre elle. Elle se balade en minijupe, haut moulant porté au-dessus du nombril et les garçons la reluquent", raconte encore Elsa Vigoureux.
(Nouvelobs.com avec AFP)