MARSEILLE - La Cité radieuse à Marseille restait vendredi sous étroite surveillance des marins-pompiers et dans l'immédiat inaccessible pour ses habitants, après un incendie qui a sérieusement endommagé le célèbre immeuble de Le Corbusier et laissé plusieurs dizaines de résidents sans logement.
Le feu, qui s'est déclenché jeudi après-midi pour une raison inconnue dans un appartement, n'était toujours pas "officiellement terminé" à la mi-journée, "un point chaud suscitant encore l'attention", même si les foyers étaient tous éteints depuis le début de matinée, selon les marins-pompiers.
"Nous sommes dans la phase de déblai, ça veut dire qu'on ne considère pas encore le feu éteint (...) On va sortir toutes les parties qui fument pour être sûr qu'il n'y ait plus du tout de points chauds", a indiqué le capitaine de frégate Jean-Michel Wagner, alors qu'à 13H00 il neigeait à gros flocons sur la Cité.
Deux femmes ont été très légèrement intoxiquées, ainsi qu'une nonagénaire blessée après une chute, jeudi après-midi. Deux marins-pompiers ont été légèrement blessés, à la cheville et à l'épaule.
Quelque 90 hommes restaient déployés vendredi. Ils avaient été plus de 200 dans la nuit, avec 50 engins, au pic du sinistre, lorsque les 334 appartements avaient dû être évacués et que le feu menaçait de s'étendre via les gaines maillant le bâtiment.
Au total, huit logements et quatre chambres de l'hôtel intégré dans la Cité ont été détruits par le feu. Quelque trente-cinq autres ont été sérieusement endommagés par les fumées ou l'action des secours.
Selon les pompiers, le syndic et la commission de sécurité menaient vendredi une expertise technique pour évaluer les parties de l'immeuble que les gens pourraient réintégrer "peut-être aujourd'hui" vendredi.
Selon la Ville cependant, les habitants, y compris ceux dont les logements n'ont pas été sinistrés, ne devraient pas pouvoir regagner leur logis avant lundi, du fait de l'absence d'électricité et de chauffage.
Seules seize personnes devraient être hébergées à l'hôtel ce week-end, les autres ayant trouvé des solutions d'hébergement.
La façade, dont la réfection venait de s'achever après deux ans de travaux, portait vendredi les stigmates de l'incendie, avec des baies vitrées éclatées et une traînée noire révélant la zone du sinistre.
"C'est une catastrophe, on est parti pour un an de travaux", constatait, écoeurée Annick Larrouquere, copropriétaire sinistrée et résidente depuis 1992.
Pendant des heures, les secours ont dû affronter un feu "virulent" et "sournois", alimenté par les gaz issus de matières combustibles qui se propageaient dans les conduites et finissaient par s'enflammer quand ils saturaient un espace.
Les marins-pompiers ont fini par noyer l'ensemble des gaines avec de la mousse, recouvrant aussi tous les étages de 5 à 10 centimètres d'eau.
Selon un résident depuis 1999, l'ensemble est surveillé 24 heures sur 24 par un gardien-pompier, et les appartements venaient d'être dotés de détecteurs de fumée.
Après un sinistre en 2004 (deux appartements touchés, pas de victime), les colonnes sèches avaient été revues et des détecteurs posés dans les couloirs, a expliqué Frédéric Soulié, journaliste, très "attaché" comme beaucoup à son immeuble.
Inaugurée en 1952, la Cité radieuse de Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, abrite quelque 1.600 personnes.
Située dans le sud de la ville, elle se présente comme un "village vertical" de neuf étages, avec commerces, hôtel et équipements collectifs (école maternelle, gymnase).
AFP