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Discussion: La Success story selon les chercheurs Français.

  1. #1
    Passionné du Việt Nam Avatar de ngjm95
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    Par défaut La Success story selon les chercheurs Français.

    Lu dans le Courrier du Vietnam.

    Le Vietnam, un "miracle asiatique" ? - 28/01/2011


    Vingt-cinq millions de personnes sorties de la misère, une croissance parmi les plus élevées au monde… : en moins de 20 ans, le Vietnam a vu sa pauvreté chuter de manière spectaculaire. Des chercheurs de l'IRD de l'UMR Développement, institutions et mondialisation et leurs partenaires ont étudié cette success story.


    Dès 1986, le Dôi Moi, ou "Renouveau", grande réforme économique, a impulsé la croissance du pays. Puis, pour pallier la montée des inégalités, le pays a entrepris une redistribution budgétaire des régions les plus riches vers les plus pauvres et d'aide financière ciblée vers les plus défavorisés.

    Reste la lutte contre la précarité des travailleurs, un des derniers points sombres de l'économie vietnamienne. Le pays compte en effet aujourd'hui plus de dix millions de vendeurs de rue, artisans et autres emplois dans le secteur informel, soit 50% de son marché du travail, hors agriculture.

    Réduire encore les inégalités, vaincre la précarité… relever ces défis permettraient au Vietnam de franchir le cap des pays industrialisés.

    À l'image des quatre dragons que sont Hongkong (Chine), Singapour, Taïwan (Chine) et la Corée du Sud, le Vietnam est-il, à son échelle, un exemple de "miracle asiatique" ? Des chercheurs de l'IRD de l'UMR Développement, institutions et mondialisation (1) et leurs partenaires (2) ont étudié les politiques économiques qui ont permis à ce pays de relever la tête, après des décennies de guerre, puis des années de grave crise économique.

    Success story vietnamienne
    Depuis le début des années 1990, le Vietnam connaît en effet une chute spectaculaire de la pauvreté. Le pourcentage de la population nationale vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 58% en 1993 à 14,5% en 2008, soit quelque 25 millions de personnes sorties de la pauvreté en quinze ans. En ville, en 2008, seulement 3,5% de la population est considérée comme pauvre, même si le coût de la vie continue d'augmenter.

    Le pays doit cet enrichissement de sa population à sa formidable croissance économique depuis vingt ans, parmi les plus élevées au monde. Il a ainsi fait récemment son entrée au club des pays émergents.

    Un "capitalisme socialiste"
    Comment le Vietnam a-t-il tiré son épingle du jeu capitaliste ? L'adoption en 1986 du Dôi Moi (3), le "Renouveau" en vietnamien, a marqué la conversion du pays à un modèle particulier : une "économie de marché à orientation socialiste". Un secteur privé dynamique a ainsi grandi aux côtés d'un secteur public fort, continuant à contrôler des pans entiers de l'économie tels que l'énergie, l'industrie ou les banques. L'État a également poursuivi des politiques publiques très actives (agricoles, industrielles, planification), continué à réguler les prix des produits de base, etc.

    Suivant ainsi un modèle de croissance par l'exportation, le Vietnam s'est rapidement intégré à l'économie internationale. C'est aujourd'hui le premier exportateur mondial de café Robusta et de poivre, ou encore le deuxième exportateur de vêtements sur le marché américain. Il fait preuve désormais d'une présence active dans les instances internationales : il est devenu, en janvier 2007, le 150e membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

    Les richesses sont redistribuées
    Mais les effets bénéfiques de l'essor économique ne profitent pas à tous les Vietnamiens : la majorité Kinh (5) est favorisée par rapport aux minorités ethniques, la plupart situées en zone montagneuse ou reculée, où la pauvreté reste forte. Pour pallier une potentielle montée des inégalités, le Vietnam mène une ambitieuse politique de transferts budgétaires entre régions riches et pauvres. Les provinces les plus riches versent ainsi jusqu'aux trois quarts de leurs recettes aux plus défavorisées, pour qui ces transferts représentent jusqu'à la moitié de leur PIB. Cette redistribution permet alors à ces dernières de développer leurs infrastructures (éducation, santé, électricité, réseau routier, eau et assainissement, etc.) et de fournir à leurs habitants des services sociaux, comme l'assurance santé.

    Grâce à ces stratégies, les indicateurs de développement humain s'améliorent : le taux de scolarisation en primaire atteint près de 100%, l'espérance de vie est passée de 63 ans en 1990 à 68 ans en 2005 pour les hommes et de 67 ans à 73 ans pour les femmes, etc. Le Vietnam est même en avance, par rapport à l'échéance de 2015, pour accomplir les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

    La précarité persiste
    Pour vaincre totalement la pauvreté, le pays doit encore relever quelques défis, en particulier réduire le secteur informel (4), véritable économie parallèle maintenant une grande précarité. Vendeurs de rue, artisans, services à domicile… le Vietnam compte plus de dix millions de petits entrepreneurs, qui exercent sans aucune déclaration officielle. La crise financière mondiale, bien que globalement absorbée par l'économie vietnamienne, a détruit de nombreux emplois et renforcé ainsi le secteur informel, où les travailleurs malchanceux ont trouvé refuge. Ce dernier regroupe aujourd'hui, hors agriculture, 50% du marché du travail et produit une valeur estimée à 20% du PIB.

    Quelques moyens de lutte existent, tels que le micro-crédit, la formation, etc. Mais les chercheurs ont constaté que leur impact demeurait limité et à court terme. C'est pourquoi, ils préconisent de soutenir le secteur informel tel qu'il est, avec par exemple la mise en place d'une protection sociale pour les travailleurs de l'informel, mesure d'ailleurs adoptée récemment par le gouvernement.

    Premier pourvoyeur d'emplois, le secteur informel demeure pourtant le grand oublié des politiques publiques au Vietnam du fait du manque de données officielles. Les travaux des chercheurs apportent un éclairage sur cette économie parallèle. Si le Vietnam poursuit sur sa lancée et parvient à vaincre la précarité des travailleurs informels, ainsi qu'à réduire la pauvreté de ses minorités ethniques, il pourrait devenir, en une génération, un pays industriel.

    Notes
    1. UMR DIAL (IRD / Université Paris-Dauphine)
    2. Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec l'Office général de la statistique du Vietnam. Ils ont été présentés dans le cadre de l'université d'été de Tam Dao, organisée chaque année par l'Académie des sciences sociales du Vietnam, en collaboration avec l'IRD, l'AFD, l'AUF et l'EFFEO.
    3. Le Doi Moi est une grande réforme économique menée par le Parti communiste vietnamien à partir de 1986, combinant capitalisme et forte intervention de l'État.
    4. Le secteur informel est l'ensemble des activités économiques non déclarées et qui échappent donc au contrôle et à la régulation de l'État.
    5. Kinh est le nom officiel de l'ethnie des Viêt, qui constituent plus de 80% de la population vietnamienne.

    L'IRD en bref
    Un institut au service des pays du Sud
    L'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) est un établissement public français à caractère scientifique et technologique qui intervient depuis plus de 60 ans dans les pays du Sud. Il est placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Coopération.

    Ses activités de recherche, d'expertise, de valorisation et de formation ont pour objectif de contribuer au développement économique, social et culturel des pays du Sud. Elles se déclinent autour de six priorités :
    - lutte contre la pauvreté
    - migrations
    - maladies émergentes
    - changements climatiques et aléas naturels
    - accès à l'eau
    - écosystèmes.

    Un dispositif partenarial en France et à l'étranger
    En étroite collaboration avec leurs partenaires, 858 chercheurs, 973 ingénieurs et techniciens et 341 personnels locaux interviennent dans une cinquantaine de pays et participent à de nombreux programmes nationaux, européens et internationaux.

    Depuis septembre 2008, le siège de l'IRD est localisé à Marseille. L'institut dispose par ailleurs de 30 implantations dont deux en France métropolitaine (Bondy, Montpellier), cinq dans les régions et collectivités d'outre-mer (la Réunion, Guyane, Martinique, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française) et 23 dans des pays situés dans la zone intertropicale, en Afrique, en Méditerranée, en Asie et en Amérique Latine.

    Une force de mobilisation de la communauté scientifique pour le Sud
    À travers l'Agence inter-établissement de recherche pour le développement (AIRD), l'IRD a pour mission de mobiliser les universités et les grands organismes de recherche français et européens sur les priorités de la recherche pour le développement.


    Rédaction DIC - Gaëlle Courcoux
    29/1/2011

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