Hanoi, 25 novembre (AVI) - Le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) a bouclé vendredi dernier trois jours de débats dans la capitale tunisienne Tunis avec une promesse des pays riches d'aider le monde en développement à monter dans le train de l'informatique et des télécommunications.
Plus de 170 pays représentés ont adopté un "Engagement de Tunis" sur la liberté d'expression et un "Agenda de Tunis pour la société de l'information", affirmant la détermination de réduire la fracture numérique entre les pays riches et les pays pauvres.
La veille, des membres de l'organisation Reporters sans frontières (RSF) ont déployé dans les allées du SMSI une mappemonde géante désignant 15 pays en noir qu'ils appellent "les ennemis de l'internet" (l'Arabie saoudite, la Biélorussie, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, l'Iran, la Libye, les Maldives, le Myanmar, le Népal, l'Ouzbekistan, la Syrie, la Tunisie, le Turkménistan et le Vietnam).
RSF a affirmé gratuitement et malveillamment que ces nations "avaient bafoué la liberté d'expression sur internet, censuré les sources d'information libres, contrôlé rigoureusement le net" pour "museler, molester, intimider voire emprisonner les cyberdissidents".
Ces déclarations faites sous prétexte de la liberté d'expression ne valent pas la peine d'en parler si elles ne sont pas superficielles ni traduisent une idée fixe défiant toute réalité globale.
Selon les plus récentes données du système de statistique d'internet "Website Index Sverige" (WIS), le nombre d'internautes a augmenté de 160% entre 2000 et 2005 à près d'un milliard de personnes. L'e-commerce s'est fortement accru malgré les vicissitudes de l'économie mondiale. Le Vietnam se trouve dans ce même train.
Le Vietnam a avancé voici cinq ans un plan de développement de l'internet durant la période 2001 - 2005 destiné à accélérer la généralisation des services en ligne de qualité et au prix abordable dans toutes les activités économique, culturelle, sociale, sécuritaire, de défense. L'arrêté gouvernemental 55/2001/ND-CP du 23 août 2001 affirme que l'Etat adopte des politiques de gestion adéquates permettant aux fournisseurs de services d'internet de réduire les prix des services au même plan ou au-dessous de ceux proposés dans le reste de la région. L'objectif est de généraliser au plus tôt l'utilisation de la toile au Vietnam et rehausser la compétitivité des entreprises locales à l'heure d'intégration à l'économie mondiale.
Le Centre d'internet du Vietnam (VNNIC) a fait savoir que le Vietnam comptait en août 2004 plus de 5 millions d'internautes, soit environ 6,2% de sa population, chiffre qui a progressé de 64% un an après à 7,7 millions de personnes, ou 9,35% des Vietnamiens. Les localités avec un grand nombre d'abonnés à l'internet, dont près de 73% à Hanoi et Ho Chi Minh-Ville, sont celles qui jouissent d'une forte croissance économique, abritent une population avec un haut niveau d'instruction et éprouvent une énorme demande d'échange d'information.
Le nombre d’internautes étant peu élevé au Vietnam, dû aux faiblesses infrastructurale et économique. Partant d'un tel point de départ, la croissance rapide et la grande application de cette technologie à toutes les activités de la vie sociale n’est-elle pas la preuve des politiques gouvernementales appropriées et de la conscience profonde de chaque organisation, entreprise et de chacun sur l’importance et la force de la toile mondiale ?
Jusqu’à présent, non seulement les organes gouvernementaux, les entreprises du secteur étatique et privé, mais les paysans des régions reculées et bien éloignées de grands centres socio-économiques savent déjà se servir de l’internet pour se présenter à leurs partenaires de par le monde en vue d'une coopération et des échanges.
En août dernier, la première phase du projet d'universalisation de l’internet aux régions rurales du Vietnam, projet d'informatique mobilisant le plus grand investissement du pays, s’est achevée, par l’installation de 2.200 ordinateurs dans 2.000 bureaux de poste communaux, connectant à l’internet plusieurs régions reculées.
Non loin de là, un premier internat en ligne du Vietnam a vu le jour avec la mise à l'essai à l’école supérieure des langues étrangères de Hanoi, relevant de l’Université nationale de Hanoi, de l'installation des ordinateurs connectés à internet dans les dortoirs d'étudiants. Tout récemment, une commune, Quynh Luong, de la province centrale de Nghe An a inauguré son site web afin de promouvoir son commerce et l’écoulement de ses produits agricoles.
L’internet ne connaît un développement vigoureux dans le monde que depuis une dizaine d’années et le retard du Vietnam dans ce secteur constitue une évidence. Les faiblesses en capacité et en équipements ont entraîné à la circulation et à la diffusion par certains cybersalons des informations réactionnaires, obscènes et diffamatoires, ce qui provoque le mécontentement de la population. Cependant, le Vietnam n'est pas encore en mesure de bien prévenir les actes des forces hostiles et réactionnaires et des opportunistes politiques dans le pays et à l'étranger qui abusent de l’internet pour saboter les acquis de la révolution obtenus par le peuple vietnamien. Comme dans tout pays dans le monde, au Vietnam, sont à contrôler et à limiter les informations qui exhortent le renversement du pouvoir et les sites qui bafouent les bonnes m½urs orientales en général, et vietnamiennes en particulier.
Le Vietnam n'est plus le seul à s'inquiéter du revers de l'internet. Dans le rapport récent sur "La protection des enfants et l'utilisation de l'Internet", le ministère français de la Santé, des Solidarités et de la Famille, a montré du doigt les dangers pour les jeunes internautes qui risquent des agressions, notamment par les sites pornographiques et pédophiles.
Après l'évènement du 11 septembre, pris par la panique d'actes terroristes, plusieurs pays occidentaux sont allés jusqu'à lancer des mesures trop strictes pour contrôler l'internet, jugées même d'atteintes à la vie privée. L'ONU appelle aussi à la création d'un organe de contrôle spécifique d'internet, concernant notamment des problématiques actuelles comme les noms de domaine, la sécurité, le cybercrime, les "spams" (courriels indésirables, ou pourriels) et la protection des informations personnelles.
Ainsi, doit-on être étonné de lire la conclusion trop hâtive de RSF, selon laquelle le Vietnam, "bien qu'il n'ait pas de moyens économiques et technologiques aussi modernes que la Chine, dispose pourtant d'un contingent de policiers spécialisé dans le contrôle des sources d'information sur la toile". Excluant l'obsurdité de ces allégations, une question se pose toutefois : Est-ce que par permettre le libre cours aux propos terroristes et aux contenus obscènes qui attaquent les jeunes générations, on respsecte la liberté d'expression ?
Une organisation portant un tel joli nom de "Sans Frontière" peut-elle s'octroyer le droit de représenter les milieux de presse, pour qui la vérité est une des premières critères du métier ? A quoi bon politiser un domaine technologique qui permet de grands changements dans la vie des peuples du monde et fermer les yeux devant les réalités évidentes ? A nos jours, les informations dépassent toutes frontières, mais ne ne sont acceptées que celles de bonne foi. - AVI