Drogue : Un combat acharné et sans répit
Si ces derniers temps, plusieurs réseaux de trafic de drogue ont pu être démantelés, ces arrestations ne représentent que la partie visible de l'iceberg. Car le trafic de drogue reste un phénomène bien implanté au Vietnam où seule une mobilisation accrue de la société pourra permettre de contrer ce fléau.
En effet, les réseaux de trafic de drogue concernent tous les pays du monde - une véritable économie parallèle à l'heure de la mondialisation, au Vietnam, leurs ramifications sont tout aussi compliquées.
Aux dires du général Vu Hùng Vuong, chef du Département de lutte contre la criminalité liée à la drogue, relevant du ministère de la Police, le pays voit chaque année transiter une grande quantité d'héroïne, d'opium et de drogue synthétique. Cette dernière, connue sous le nom d'ecstasy, est plus récente que ses grandes s½urs, ce qui ne l'empêche absolument pas de se développer, d'être vendue et consommée dans les discothèques et bars-karaokés. Mais les drogues traditionnelles n'en sont pas pour autant délaissées, le nombre de toxicomanes ayant encore progressé en 2005.
Et s'il y en a qui ne démentiront pas cette tendance, ce sont bien les dealers, toujours à l'affût de combines de plus en plus sophistiquées et dangereuses pour introduire leur cargaison au Vietnam, puis pour l'acheminer dans les localités. Consciente de ces trafics, la police collabore avec les garde-frontières, douaniers, policiers pour tenter d'arrêter les trafiquants dès les portes-frontières. Conseillant au gouvernement d'établir un projet de contrôle de la drogue aux frontières, elle cherche aussi à imposer un projet de contrôle du trafic de drogue dans la région de Tây Bac et ses zones limitrophes.
Tactique qui commence à porter ses fruits, puisque grâce à cette collaboration efficace et à ces différents projets, 11.772 affaires de trafic de drogue (impliquant 17.712 personnes) ont été découvertes jusqu'en novembre dernier dans 25 provinces frontalières. La police a ainsi saisi 287,7 kg d'héroïne, 210.826 comprimés d'ecstasy, 3.368 kg de haschich, 59 kg d'opium, 30 pistolets, 595 balles et 7 grenades.
D'autre part, les organismes concernés montrent une grande vigilance dans les régions vietnamiennes où la culture du pavot est ancrée, après avoir quasiment réussi à en finir avec les champs d' haschich et de pavot. "Ces deux plantes ne sont plus cultivées de nouveau au Vietnam. Nous avons enregistré des efforts encourageants dans le contrôle de la drogue", affirme le général Vu Hùng Vuong.
Coopération internationale dans la lutte
Si au niveau nationale, les autorités peuvent se montrer fières des capacités accrues des garde-frontières, des policiers, des douaniers des régions frontalières, elles n'en négligent pas pour autant la coopération internationale, sans quoi, toutes actions entreprises sur son sol ne seraient que des coups d'épée dans l'eau. Alors ces derniers temps, la coopération entre le Vietnam et les pays de la région s'est élargie, avec certes les pays voisins mais aussi la Thaïlande, le Myanmar et quelques pays européens. Exemple, le Vietnam vient de signer 13 accords de lutte contre la drogue et une vingtaine d'autres concernant la lutte contre criminalité.
D'autre part, le Vietnam participe aux conférences annuelles régionales et internationales anti-drogue dont la conférence Vientnam-Cambodge à Siem Riep ou celle tripartite Vietnam-Laos-Cambodge à Vientiane. Le pays était aussi présent cette année à la conférence de l'ASEAN + Chine à Pékin, à la conférence des chefs des organes exécutifs à Hanoi et à la conférence des ministres sur la lutte contre les criminalités transnationales.
Pourtant "c'est un combat acharné et persistant", souligne le général Vu Hùng Vuong. Selon lui, la lutte contre la drogue ne se résume pas qu'à des mesures pénales ou administratives. Problèmes culturels et sociaux sont aussi des causes de la croissance de la consommation de stupéfiants. Si le laxisme des discothèques favorise l'introduction de la drogue, comment ne voir dans le chômage et l'analphabétisme des causes tout aussi frappantes. "Alors le combat contre la drogue demande l'éradication de la pauvreté et la prise de conscience des habitants ", conclut le général Vu Hùng Vuong.
Giang Ngân/CVN
( 18/01/06)
Source : Le Courrier du Vietnam