Programmé sur France 5, le dimanche 18 février à 21h40:
"Agent orange, une guerre sans fin"
documentaire de Leslie Wiener et Jane Weiner (France,2006)
" Kan Sap, une Vietnamienne, ramasse des feuilles dans un champ, chapeau sur la tête et pipe à la bouche. Un paysage luxuriant, une musique apaisante.
Ici, entre 1962 et 1971, l'armée américaine a entrepris de raser la jungle pour combattre les soldats vietcongs qui évoluaient sous le couvert végétal. Une déforestation systématique a été planifiée. Selon la revue Nature, les arrosages chimiques ont affecté 20 000 villages et de 2 à 5 millions de personnes.
Arthur Galston, professeur à l'Université Yale, a effectué une mission au Vietnam en 1971 pour mesurer les dégâts. Pendant qu'il évoque ses souvenirs, des images de fin du monde défilent: troncs noircis sans feuilles, cadavres d'animaux, paysages dévastés.
" Bac a 19 ans. Ce neveu de Kan Sap, né bien après la période des épandages, est gravement handicapé. Malformé, il ne peut ni marcher ni se nourrir. Des dizaines de centres pour enfants handicapés traitent la troisième génération de victimes des séquelles des produits chimiques. Le défoliant utilisé, appelé agent orange, contenait de la dioxine. Aujourd'hui les niveaux de dioxine dans les zones d'épandage vont croissant: au lieu de régresser, la concentration devient plus forte qu'il y a 30 ans.
" Mal protégés, les soldats américains qui ont répandu ces 83 millions de litres d'herbicides, souffrent aussi d'un taux élevé de cancers et de diverses maladies. Et quelque 160 000 vétérans reçoivent des indemnités. C'est pourquoi l'Association des Victimes Vietnamiennes a engagé plusieurs avocats aux Etats-Unis pour faire reconnaitre la responsabilité des entreprises chimiques - Dow Chemical, Monsanto...
" Construit comme un film à suspense autour du thème de l'impossible procès, le documentaire utilise les ressorts du cinéma de fiction - scénario nerveux, cadrages subils, personnages suscitant l'empathie - pour expliquer ce dossier complexe. Les réalisatrices mettent en scène les avocats américains en pleine action, mais elles savent aussi filmer les victimes vietnamiennes avec discrétion, avec pudeur."
(Catherine Bédarida - supplémént Le Monde TV & Radio)