Un grand projet éducatif de professeurs Viêt kiêu
"Nous désirons que les jeunes vietnamiens puissent avoir accès à une éducation de très haute qualité. Notre génération leur doit au moins cela", a déclaré le professeur Trân Huu Dung.
C'est cet enseignant du département d'économie de la Wright State University de Dayton et 5 autres professeurs et chercheurs Viêt kiêu (Vietnamiens de la diaspora) qui ont élaboré le projet d'implantation au Vietnam d'une université de haute qualité répondant aux normes internationales.
Six Viêt kiêu sont à l'origine de ce projet : Trân Huu Dung (États-Unis), Trân Van Tho (Japon), Trân Nam Binh (Australie), tous les 3 professeurs d'économie, Hà Duong Tuong (France, prof de maths), Hô Tu Bao (prof d'informatique) et Vu Quang Viêt, spécialiste du Vietnam à l'ONU se sont rencontrés pour la première fois pendant la conférence d'été 2005 des intellectuels Viêt kiêu, un événement annuel qui réunit des sommités scientifiques ayant 20 à 40 ans d'expérience dans des universités ou écoles supérieures de par le monde.
Lors d'un débat sur la réforme de l'éducation nationale, ces 6 hommes étaient sur la même longueur d'onde et ont décidé de collaborer ensemble. Après cette rencontre, du fait de leur éloignement géographique, ils ont communiqué par e-mails pendant 3 mois consécutifs. Au total 3.000 messages pour bâtir leur projet, qui a été soumis au gouvernement vietnamien. Encore actuellement, le groupe continue à recueillir des avis, notamment grâce au site web www.viet-studies.org qui présente en détail leur projet.
Il existe en réalité plusieurs autres projets similaires. Les professeurs s'efforcent de perfectionner le leur en espérant qu'il pourrait voir le jour. "Une fois le projet adopté, sa mise en œuvre serait placée sous la houlette du gouvernement. Nous sommes des chercheurs, pas des investisseurs. Nous n'avons pas l'intention de gérer la mise en chantier", a affirmé M. Dung.
Selon Vu Quang Viêt, une formation supérieure dans une école technique ou de sciences sociales devrait inciter les étudiants à raisonner par eux-mêmes. Une université n'enseignant pas à ses étudiants cette méthode "n'est qu'une école professionnelle".
Former des scientifiques ayant une vision globale
Les auteurs du projet ont suivi les discussions animées dans le pays portant sur l'établissement au Vietnam d'une université aux normes internationales. Pourtant, selon eux, ce modèle se concentre trop dans la recherche technologique et délaisse l'apprentissage des sciences sociales et humaines, qui contribuent à former de grands scientifiques ayant une vision globale et non pas centrée sur leur domaine de spécialité, et qui peuvent réfléchir de façon autonome.
Ils ont proposé alors 2 segments pour leur futur programme de formation : sciences naturelles et sciences sociales. Les premières années, les étudiants de toutes les branches acquérront des connaissances de base dans des domaines aussi divers que la civilisation, les problèmes sociaux, la culture, l'actualité...
Selon les concepteurs du projet, ce seront des observateurs extérieurs à l'université, et donc indépendants, qui décideront ou non si l'établissement mérite le titre d'université internationale. "Il faudra de 5 à 10 ans de fonctionnement pour y parvenir", ont-ils prévenu. Et de souligner la nécessiter de mobiliser la contribution des Vietnamiens talentueux de l'étranger à la mise sur pied de cet établissement.
Partageant le même souhait d'améliorer le système d'éducation national, les professeurs sont prêts à tous les sacrifices pour y parvenir. "Même si un autre projet est choisi, nous chercherons à y apporter nos compétences", ont confié ces patriotes.
Hông Duong/CVN
Source : Le Courrier du Vietnam