La diaspora vietnamienne de Budapest
Trois millions de Vietnamiens vivent dispersés à travers le monde, dans quelque quatre-vingt-dix pays, soit presque la moitié en Amérique. Environ 98% d'entre eux habitent dans 5 régions: Europe Ouest-Nord, Amérique du Nord, Russie et Europe de l'Est, Australie, Indochine-Asie du Nord-Est.
La diaspora vietnamienne en Hongrie s'élève à environ 4.000 membres rassemblés surtout à Budapest. Une communauté assez jeune, qui s'est affirmée depuis la décennie 90 dans le processus de désagrégation du bloc communiste de l'Europe de l'Est.
Elle comprend étudiants, chercheurs post-universitaires, travailleurs, contractuels et membres de leurs familles établis en Hongrie avant 1990 ainsi que d'autres Vietnamiens venus du pays ou des tiers états après cette date. Elle compte dans ses rangs environ 200 personnes diplômées d'université, dont des mathématiciens, informaticiens, physiciens, économistes, médecins, pharmaciens qui travaillent pour le gouvernement ou des compagnies privées. La plupart font du commerce, surtout du petit commerce. Il y en a qui possèdent des entreprises de quelque importance.
Il m'est arrivé de lire par hasard quelques numéros de l'hebdomadaire en vietnamien Nhip câu thê gioi (Travée du pont mondial), publié depuis 5 ans à Budapest par un groupe de Vietnamiens. Cette lecture m'a permis de me donner une idée de la vie de nos compatriotes au bord du "Danube bleu".
Les articles et nouvelles du magazine, certains puisés dans la presse de Hanoi, reflètent les pensées, sentiments et préoccupations d'une communauté vietnamienne homo-gène, unie et pacifique, communauté qui a su se fondre dans la nation d'accueil tout en restant fidèle aux traditions de la mère Patrie.
Commençons avec les informations utiles pour les expatries : permis de conduire, est-il possible d'avoir le visa hongrois en même temps que le visa vietnamien ? prolongation du visa, vente de sa maison à Budapest, montant des devises qu'on peut apporter au Vietnam, publicité commerciale, les meilleurs restaurants... Il va sans dire que les nouvelles sur la vie sociale et politique hongroise sont importantes : débat entre le Premier ministre et son prédécesseur à l'approche des élections, alerte au 3e degré au sujet des chaleurs d'été, l'orchestre légendaire 3e, mauvaise récolte de pastèques... Deux événements d'importance historique retiennent particulièrement l'attention du magazine. La visite d'amitié d'un Premier ministre hongrois (Gyurcsany Ferenc) au Vietnam (juillet 2005), le premier depuis 33 ans, marque la volonté hongroise d'aider à la modernisation de l'économie vietnamienne.
Les conditions sont favorables : la Hongrie vient d'entrer à l'Union européenne et le Vietnam veut renforcer son intégration internationale. Outre les programmes à longue échéance, Budapest accroît de 2,5 fois son aide publique pour le développement non remboursable à Hanoi et lui accorde à titre privilégié un crédit de 35 millions de dollars pour le projet thermoélectrique d'An Hòa (Quang Nam, Centre).
Dans son numéro du 22 octobre 2004, Nhip câu thê gioi réunit des documents qui expliquent l'importance de la révolution hongroise d'Octobre 1956, révolution avortée qui a pourtant ouvert la voie à l'indépendance et à la démocratie du pays. La mémoire de son initiateur, la Premier ministre Nagy Imre, a été réhabilitée.
Les informations sur les activités de la diaspora vietnamienne ne manquent pas : Semaine de la culture vietnamienne, Festival sportif vietnamien d'automne 2005 (avec comme clou le Championnat de football 2005 de la communauté), etc., visages de la diaspora vietnamienne aux États-Unis, en Pologne, cours de langue vietnamienne, aide au pays natal...
Les rubriques réservées au patelin vietnamien, en particulier les créations littéraires, montrent l'attachement atavique des expatriés vietnamiens au pays natal. Caractéristique à cet égard est la déclaration du scientifique international Nguyên Van Tuân, de l'Institut de recherche médicale de Garvan : "J'ai quitté le pays natal non pour chercher à l'oublier ou à le nier. En moi, persiste un sentiment obsédant de nostalgie. En réalité, c'est un sentiment commun à tous, tout homme n'étant qu'une entité toujours liée à un endroit déterminé, la présente de tout homme ne saurait être détachée d'un lieu concret... Ces liens ne peuvent créer que le regret. Ces endroits concrets se résument dans les mots +quê nhà+ (Pays Natal)".
Huu Ngoc/CVN
( 09/04/06 )
Source : Courrier du Vietnam