Il y a 7 semaines et deux jours (en Suisse, on aime la précision ) mon cerveau étais plongé dans un grand trou noir et mon corps était allongé sur une table d'opération pendant qu'un orthopédiste, après avoir incisé mon genou sur environ 25 cm, me sciait le bas du fémur, le haut du tibias et la rotule transversalement pour m'implanter une prothèse totale du genou.
Aujourd’hui, je marche lentement avec une canne anglaise, je ne plie le genou qu'à 90° degrés et la station assise est pénible plus de 20 minutes.
Alors, me direz-vous, quel rapport entre mes petits ennuis et le Vietnam ?
Eh bien, je me suis mis à penser, comment cela ce serait-il passé si j'avais été au Vietnam. D'où le petit comparatif, sans prétention, qui suis, la partie vietnamienne doit impérativement être complétée par de meilleurs connaisseurs de la situation vietnamienne que moi, et cela peut faire l'ossature (c'est le cas de le dire) de la discussion.
GENÈVE
1) Hôpital
J'ai été opéré aux HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève), près de 2000 lits et plus de 10.000 collaborateurs en incluant la recherche. Hôpital renommé dans le monde pour certains domaines, par exemple greffe de foie.
Logé dans une chambre d'environ 30 m2 pour deux personnes. Lit électrique commandé par une télécommande, téléphone et télévision, bref, le confort.
Pour chaque repas, une aide soignante passe le jour d'avant et propose un choix (pour les patients sans régime particulier) de 4-5 entrées différentes, autant de plats principaux et de desserts. Repas évidemment tout ce qu'il y a de plus diététiques, cela veut dire un peu fade, mais pas mauvais, je peux même dire bons.
2) Opération
Avant l'intervention, on me fait une grande quantité de radios, face, profil, incliné, etc, radios prises à coté d'un étalon dimensionnel.
Le chirurgien reçoit les radios sur un "PC", prépare les coupes osseuses en fonction de mes dimensions et de la prothèse qu'il pense utiliser (l'avenir, très proche, en terme de mois, c'est la prothèse fabriquée sur mesure). Il répète l'opération sur ordinateur.
Le jour de l'intervention, Il peut réajuster ses calculs (en direct sur ordinateur) en fonction de ce qu'il voit réellement de l'intérieur de mon genou. Il est assisté d'un ordinateur pour faire un alignement correct de la prothèse et de la jambe.
3) Post-opératoire
On m'a posé une perfusion dans l'aine, et on injecte en permanence un anesthésique, si bien que je ne ressens strictement aucune douleur (sauf dans le dessous de la jambe qui n'est pas anesthésié, mais c'est minime. Après 3 jours, on enlève le perfusion et je reçois tous les quatre heures de la morphine, ensuite, uniquement sur ma demande et, pour finir, après 5-6 jours, 4 g. par jour, de paracétamol me suffisent, avec, sur ma demande, parfois, un complément de tramadol.
4) Rééducation
Elle commence le lendemain de l'opération, faite par un physiothérapeute (le nom des kinés en Suisse) : mise au fauteuil, la jambe tendue (c'est assez épique avec une perfusion dans l'aine gauche et une sur la main. Drainage lymphatique. "Machine à plier" (Kinetec). Puis, après 3 jours, entrainement à la marche avec déambulateur puis deux cannes.
Après 12 jours, je quitte l'hôpital pour rejoindre une clinique de rééducation. Là, et pour 3 semaines, je fais chaque jour de la physiothérapie : marche avec deux cannes, exercices de musculation et de pliage du genou. La clinique est très bien équipée pour cela : diverses nature de sol, carrelage, goudron, caillebotis, escaliers, etc. Il y a même une réplique de l'entrée d'un bus des transports public genevois !
Maintenant, de retour à la maison, j'ai 3 séances hebdomadaires de physiothérapie en ambulatoire. Je marche maintenant avec une seule canne et je peux m'assoir plus ou moins confortablement.
5) Entourage
Il y a des heures de visite à respecter, mais c'est assez large.
Bien entendu, j'ai été choyé par ma petite souris vietnamienne qui est venue me voir absolument chaque jour de mon hospitalisation.
J'ai aussi eu la surprise de voir que plusieurs anciens collègues ne m'avaient pas oublié.
VIETNAM
1) Hôpital
Ce qu j'en sais, c'est que l'une de mes belle-sœur a fait un AVC au printemps dernier (elle s'en est assez bien tiré, ce qui prouve que les médecins vietnamiens sont compétents). En lui rendant visite, j'ai constaté qu'elle était dans une chambre de 15 m2 pour deux, avec un lit normal, et la climatisation qui soufflait directement sur l'une des patientes. Et ma belle-sœur était dans une chambre dite luxueuse.
Pour les repas, essentiellement famille.
2) Opération
?
3) Post-opératoire
?
4) Rééducation
?
5) Entourage
C'est là, je crois, que le Vietnam sort grand vainqueur. Je crois savoir qu'un patient hospitalisé n'est jamais laissé seul. Il y a toujours un membre de sa famille ou un voisin ou un ami à ses côté.
Voilà pour l'essentiel, la discussion est lancée, et de toute façon, la jambe commence à tirer, je vais aller m'allonger.