FAYOT ou
FAILLOT. Haricot. Haricot est un mot de formation assez récente, datant du commencement du XVIIe siècle si l'on peut en croire Genin.
Faillot date de toujours:
«
Ce mot de caserne et de collège, adopté par la langue vulgaire», comme le dit avec un mépris à peine déguisé M. Dauzat. Les Acadiens l'ont pris en Touraine et l'ont transplanté en Amérique, leur nouvelle patrie, leur nouvelle France. C'est un mot de race, nonobstant le peu de cas qu'en font messieurs les Académiciens. La vieille langue populaire le connaissait et l'employait, à côté de
favérole, de
faséole,
faciol,
phaseole et de
faviau. Seulement elle l'écrivait
faillot. Peut-être devrions-nous l'écrire comme elle. De
faséole à
faillot la distance n'est pas grande.
L'Académie a
flageolet, qui n'est qu'une déformation de notre
fayot, et qui s'écrivait
faseolet à l'origine.
Flageolet et
faséolet sont des diminutifs. On mange, aujourd'hui encore, des
flageolets ou des haricots
flageolets, à Paris même.
On dit dans la marine de France qu'on
double le cap fayot, quand il n'y a plus de provisions fraîches et qu'on en est réduit à vivre de biscuits secs et de
fayots.
Ce légume bienfaisant s'appelle
fagole à Genève;
fiajole à Lyon et, à Cambrai,
fagole. Les ouvriers de Paris l'appellent et le prononcent
fayot, seulement les scribes épellent le mot
fayol.
Le
fayot diffère de la fève. Mûr, il fournit un fruit beaucoup plus petit. On le rame [le
fayot], ce que la fève ne souffre pas, et puis il se mange vert avec sa cosse.
D'où vient le mot? Cela n'a guère d'importance, mais je suis porté à croire que nous l'avons pris à Marseille, la phocéenne, ce qui lui donnerait pour patrie d'origine la Grèce, où
phaseolos signifie haricot, c'est-à-dire
fayot ou
faillot.