Plus de 1.100 défenseurs des droits de l'homme menacés en 2005
mercredi 22 mars 2006 (Reuters - 07:52)
GENEVE - Plus de 1.100 défenseurs des droits humains ont été pris pour cible - et certains tués, torturés et emprisonnés - l'an dernier dans 90 pays du monde, selon un rapport annuel publié mercredi.
La répression a été particulièrement forte en Asie dans des pays comme la Chine, le Népal et l'Iran, précisent dans ce document commun la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), basée à Paris, et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), sise à Genève.
Il est particulièrement difficile pour les organisations non gouvernementales (ONG) de se faire enregistrer en Biélorussie et en Russie. Des campagnes de dénigrement d'organisations des droits de l'homme ont été organisées au Mexique et en République démocratique du Congo. Et avec 47 militants assassinés et une quinzaine d'autres enlevés ou torturés, la Colombie détient la triste palme du pays le plus dangereux du monde pour les défenseurs des droits humains.
"Cette année encore, la liste est longue des hommes et des femmes qui ont tout risqué pour promouvoir et défendre les droits de l'homme", peut-on lire dans le rapport.
Le document cite 1.172 cas de répressions, qui vont de l'assassinat à la torture en passant par les mauvais traitements, le harcèlement, les menaces de mort, les arrestations et les détentions arbitraires.
"GARDIENS DE NOS LIBERTÉS FONDAMENTALES"
Dans le détail, le rapport répertorie 117 meurtres ou tentatives d'assassinat, 92 cas de mauvais traitement ou de torture, 56 attaques physiques et 315 détentions arbitraires.
La situation s'est particulièrement détériorée l'an dernier en Iran, aux Philippines et au Cambodge, s'inquiètent la FIDH et l'OMCT.
"Le niveau de répression est resté tel qu'il n'existe aucune ONG de défense des droits de l'homme indépendante au Myanmar, au Laos, en Corée du Nord ou au Viêt-nam", font remarquer les auteurs du rapport. En Chine, les militants "sont confrontés à une répression systématique de leurs activités", ajoute-t-on.
En Colombie, où la plupart des meurtres sont à attribuer aux paramilitaires, les syndicalistes sont particulièrement pris pour cible - 29 ont été assassinés lors du seul premier semestre 2005.
Dans la plupart des cas, les violations des droits de l'homme sont le fait de "groupes privés ou paramilitaires, souvent avec la complicité d'agents des forces de sécurité qui agissent avec l'assentiment de l'Etat", accusent les auteurs du rapport.
Dans l'avant-propos du document de 289 pages, Louise Arbour, haut commissaire de l'Onu pour les Droits de l'homme, rend hommage à tous les défenseurs des droits humains.
"Ils sont les gardiens de nos libertés fondamentales. Sans défenseurs, les droits de l'homme n'existeraient pas", écrit-elle. "Ils sont la conscience de la communauté internationale, et nous interdisent de détourner les yeux".
http://www.liberation.fr/page.php?Article=368986