En quoi le manque de liquidités des banques françaises va-t-elle affecter notre quotidien? Moins de retraits et plus de paiements par carte?
Les doutes sur les liquidités des banques européennes plombent le marché
LEMONDE.FR avec AFP, Reuters | 19.08.11 | 10h27 • Mis à jour le 19.08.11 | 14h38
Pour la seule journée de jeudi, les banques de la zone euro ont effectué pour 90,5 milliards d'euros de dépôts d'urgence auprès de la Banque centrale européenne (BCE), soit un record pour la semaine, selon des statistiques officielles. Des dépôts élevés sont le signe que les banques sont réticentes à se prêter entre elles et qu'elles préfèrent confier leurs surplus de liquidités à la BCE, qui les rémunèrent pourtant chichement, à 0,75 %.
Et, pour la première fois depuis février, la BCE a accordé, mercredi, un important prêt en dollars, d'un montant de 500 millions, au taux d'intérêt fixe de 1,1 %, à une banque européenne dont l'identité n'a pas été révélée. Un geste qui n'a pas manqué de raviver les doutes des investisseurs. "500 millions de dollars c'est malgré tout une somme limitée, il doit s'agir d'une petite banque, peut-être italienne ou espagnole, qui n'avait pas d'accès direct à des financements en dollars", a confié à l'AFP l'économiste Frank Engels, de Barclays Capital.
Dans son édition de jeudi, le Wall Street Journal a fait état de craintes de la Réserve fédérale américaine (Fed) sur le niveau de liquidités des banques européennes. Le ratio de prêts sur dépôts des banques européennes, c'est-à-dire le rapport entre l'argent qu'elles prêtent et celui qu'elles ont en dépôt, est de 130 % en moyenne, contre 90 % pour les consœurs américaines, et 80 % chez les asiatiques, explique Christophe Nidjam, analyste bancaire pour AlphaValue. Et les banques françaises seraient "les plus mauvaises élèves au niveau européen" sur ce point, selon M. Nidjam
LA BCE ATTENTIVE
Jürgen Stark, économiste en chef de la BCE, dit "prendre au sérieux" les signaux de tension sur le marché interbancaire européen dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt. M. Stark n'a pas évoqué le fameux prêt mystère accordé cette semaine, assurant cependant que le prêt exceptionnel de 50 milliards d'euros sur six mois consenti le 4 août par la BCE aux banques de la zone euro ne serait pas renouvelé dans l'immédiat.
Sans précédent par son ampleur depuis octobre 2010, le prêt mystère accordé par la BCE vient s'ajouter à d'autres signes de fébrilité du secteur bancaire européen qui, en plus, trouve de l'écho aux Etats-Unis. Ces nouvelles ont encore un peu plus paniqué les marchés. En ligne de mire figure le scénario noir qui avait pris corps en septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers aux Etats-Unis. "La situation n'est pas comparable à celle de l'automne 2008 après la faillite de Lehman Brothers", a tenu à assurer Jürgen Stark. En octobre et novembre 2008, les dépôts des banques de la zone euro auprès de la BCE dépassaient parfois les 200 milliards d'euros.