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Messages de mères inconnues, un livre de Xinran | Chine Information
- un interview de XINRAN et la présentation de son nouveau livre :
Messages de mères inconnues,
un livre de Xinran
05/02/2011 | Aujourd'hui la Chine.
Beaucoup d’enfants chinois ont été et continuent à être adoptés par des parents étrangers. Dans son nouveau livre, Xinran donne la parole aux mères chinoises qui ont été contraintes d’abandonner leur enfant. Elle nous explique le choix de ce sujet.
Messages de mères inconnues de Xinran
Xinran est née en 1958. Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges, à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l’impérialisme ».
A partir de 1983, la Chine a besoin de personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débat éducatives tout en s’assurant que les sujets « interdits » sont évités. On confie à Xinran la production de ces émissions.
Mais elle devient rapidement l’animatrice d’une émission de radio, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit.
En 1997, elle décide de quitter la Chine et s’installe en Angleterre..
En 2003, un recueil parait aux éditions Philippe Picquier sous le titre Chinoises. Il dit la souffrance, mais aussi l’amour et l’espoir de ces femmes. Depuis la publication de son premier livre, un best-seller international, Xinran est connue dans le monde entier. Elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC.
Messages de mères inconnues
Autant prévenir tout de suite, le nouveau livre de Xinran est dur.
Ames sensibles s’abstenir serait-on tenté d’écrire mais ce serait ignorer une réalité certes terrible mais tellement révélatrice de la Chine.
Ce serait aussi passer à côté d’histoires humaines, des mères et des enfants, des femmes et des hommes, qui sont happés par un rouleau compresseur, celui de la politique de l’enfant unique.
Des voix qu’on n’entend jamais et que Xinran a recueillies. Un travail éprouvant car les témoignages sont parfois insoutenables mais aussi parce l’histoire personnelle de Xinran qu’elle dévoile dans ce livre la rend encore plus sensible à ces paroles, si éloignées du miracle chinois.
- Vous ne vivez plus en Chine mais vous continuez à témoigner sur votre pays, pourquoi ?
Je suis trop Chinoise pour etre occidentale même si je vis à Londres! Je suis là pour ma famille et pour mon mari qui est anglais. La famille est ce qui m’importe le plus au monde.
Je retourne en Chine plus de deux fois par an voir ma mère, mettre à jour mes connaissances et ma compréhension des femmes chinoises dans ces temps de changements si rapides.
Je suis aussi volontaire pour aider des jeunes filles. J’agis comme une goutte d’eau dans cet océan qu’est mon pays.
- Pourquoi c’était si important pour vous décrire ce livre ? Qu’avez vous appris depuis qu’il est sorti ?
Il y a 120.000 enfants chinois adoptés dans le monde, à travers 27 pays. Ce sont essentiellement des filles. Je me dis qu’elles vont toutes un jour se poser la même question: pourquoi ma mère chinoise n’a pas voulu de moi ?
C’est important pour ces filles de connaitre le vrai message de leur mère, sur la perte et l’amour et que leur mère biologique ne les a pas oubliée. Mais depuis que mon livre a été publié, j’ai reçu beaucoup de témoignages y compris de familles françaises et j’ai appris que chaque pays a ses secrets. Nous ne sommes pas toujours honnêtes vis-àvis du passé.
- Est ce que ce livre va être traduit en chinois ?
Pas pour l’instant mais peut-être le jour où nous réaliserons que nous devons examiner notre passé.
- Comment était votre relation avec votre mère ?
Dans mon livre, il y en a la trace dans chaque page. Mais c’est trop difficile d’en parler. Pardonnez-moi.
- Pensez-vous que, aujourd’hui encore, la communication entre parents et enfants chinois est difficile ?
Pour la plupart oui, c’est pour cela que j’ai écrit Mémoire de Chine. Pour expliquer le silence des plus agés sur le passé et l’incompréhension des jeunes face à leur histoire.
- Comment peut-on vous apporter de nouveaux témoignages ?
Par le site de l’association que j’ai créée « The Mothers’ Bridge of Love », pour faire un pont de compréhension entre les cultures. Nous montons des bibliothèques pour enfants dans toute la Chine. Tout le monde peut y contribuer en envoyant des livres du monde entier avec des images sur la vie quotidienne, la culture…Mais attention à ne pas envoyer plus de 8 livres à la fois sinon la poste chinoise doit renvoyer le colis à l’expéditeur !
Messages de mères inconnues de Xinran,
Traduction de Françoise Nagel, aux Editions Philippe Picquier, 296 pages