Ci-dessous deux extraits que je trouve intéressant et d'actualité:
La pollution invisible: une condamnation pour l'humanité?
Tout le monde le sait, l’air est pollué, c’est la pollution invisible. Les polluants que nous émettons sont de tout genre et à nous tous, nous sommes les seuls coupables de la situation. La protection de l’environnement relève de la volonté de chacun car il n’y a plus de risque mais il s’agit maintenant d’urgence.
Depuis des années, l’atmosphère n’est plus polluée par des débris poussières ou autres objets visibles à l’œil ou des acariens. Il y a maintenant ce qu’on appelle la pollution invisible. Les principaux risques de maladies sont le cancer, chaque jour de plus en respirant l’air d’aujourd’hui augmente le taux d’infection et la complexité de la transmission de la maladie par le virus encore intouchable. Le lait maternel sera coupable car aura la possibilité de transmettre au bébé allaité le cancer si la mère est infectée, le processus de transmission s’apparentera comme celui du VIH pendant l’accouchement.
Et puisque la pollution est invisible, inodore, on a à faire à des produits chimiques, la transformation d’un produit primaire en élément invisible, plus toxiques à son stade de transformation. Les déodorants, les engrais chimiques et les déversements du gaz carbonique à volonté par les industriels menacent la nature de l’air. Manger sainement ne sera plus suffisant pour rester en bonne santé.
Les perspectives d’infection sont partout et les maladies sur lesquelles on s’étale ne sont pas des moindres. Plus l’origine est mystérieuse et encore inconnue, plus la recherche scientifique appliquée reste en travail donc la liste de maladies existantes augmente de jour en jour. L’œuf de poule n’a jamais posé de problème auparavant jusqu’au jour où l’on a déclenché l’alerte à la grippe aviaire en Asie ou l’alerte à la dioxine en Irlande sur les viandes.
L’œuf a été contaminé par quoi ou par qui ? L’œuf provient de la poule qui elle, se nourrit de provende, la provende est généralement chimique après ajout de substance d’engraissement, la provende n’est pas du tout naturelle, la poule respire un air déjà pollué à 50 % de gaz carbonique ; résultat, ses œufs sont contaminés. Tout l’environnement qui nous entoure présente une menace car dans la pollution invisible, tout est possible.
(Source: La pollution invisible : une condamnation pour l?humanité)
La science, aveugle elle aussi?
Les sommités et les plus grands organismes scientifiques ont mis curieusement beaucoup plus de temps que nous tous à prendre conscience que le « progrès » — fantasme fondateur de nos sociétés développées — génère de façon exponentielle des dégâts collatéraux depuis que la croissance économique s'est furieusement emballée. Parce que la Science, ogre rationnel, dévore des faits avérés et méprise les suspicions. Parce que les scientifiques croient dans leur ensemble que malgré d'inévitables dommages, leur travail continuera d'améliorer la vie de l'humanité. La fission de l'atome tue, mais nous éclaire aussi : si le principe de précaution avait été adossé à la Constitution au début du XXe siècle, Marie Curie n'aurait jamais pu découvrir la radioactivité naturelle, avancèrent quelques très grands noms lors du débat parlementaire du printemps 2004 sur la charte de l'environnement. La Science doit progresser seule sans se poser de questions parce qu'elle le fait bien et, à ce titre, n'a de comptes à rendre à personne. Surtout pas à l'ignare électeur-contribuable qui s'interroge de plus en plus sur ses objectifs et s'étonne de son fonctionnement interne fort peu démocratique.
[...] S'il est facile de démontrer la toxicité aiguë d'un produit (il suffit de trouver la concentration faisant mourir la moitié de l'échantillon d'animaux de laboratoire, et de lui appliquer des facteurs de sécurité pour adapter cette valeur à notre espèce), c'est une tout autre affaire que de pouvoir attester d'un effet à long terme d'une dose infime de polluant : les éléments de preuve à apporter sont si nombreux et difficiles à caractériser que les chercheurs le plus motivés s'épuisent. Une aubaine pour les industriels et les administrations qui, en toute rigueur scientifique, trouvent toujours de quoi réfuter une publication. Ils réclament sans cesse plus d'expérimentations pour approfondir tel ou tel point litigieux ou statistiquement infondé. Essayons le rat plutôt que le hamster, tentons l'injection sous-cutanée plutôt que l'intraveineuse, explorons plus avant la corrélation entre l'âge et la consommation de biftecks, utilisons d'autres marqueurs biochimiques, voyons l'impact d'une autre forme moléculaire du même polluant...
Bref, la preuve scientifique est le fétiche de notre époque. On l'agite devant tous ceux qui n'ont que des présomptions et quelques inquiétudes. L'incertitude est pourtant l'essence de la science, et surtout des sciences du vivant, par définitions empiriques. Les connaissances n'avancent qu'en remettant en cause ce qu'on a démontré la veille. Au début du siècle, la radioactivité devait soigner l'humanité. On introduisit du radium dans les crèmes de jour, les pansements et le rouge à lèvres. Quelques médecins prévinrent qu'on avait mis entre les mains du grand public des radiations dont on était incapable de prédire l'effet sur les cellules. On leur répondit que la découverte de la radioactivité était un progrès pour l'humanité, que son utilisation était dans l'ordre des choses. Ces médecins voyaient pourtant des cancers se développer chez les dames adeptes de la cosmétologie au radium. Dans l'atelier des époux Curie, les ouvriers s'usaient vite et mouraient jeunes. Mais ce n'était là que des présomptions. Pas de preuves.
(Ce texte est tiré de Pollutions invisibles : Quelles sont les vraies catastrophes écologiques?, de Frédéric Denhez, publié chez Delachaux et Niestlé, France, 2005, pages 202-204)