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Matières premières : Typhons sur le riz LE MONDE | 07.11.09 | 18h50 •
a mousson a été pourrie et le marché du riz s'en trouve tout chamboulé. Au point qu'à Bombay le prix du bol en a été renchéri d'un bon quart en deux mois. Et ce n'est pas fini ! En septembre, le paddy a bondi de 15 % sur le marché de Chicago et le contrat à trois mois y a terminé, vendredi 6 novembre, à 15,15 dollars les cent livres, en route vers les 16 dollars. D'abord, il y a eu, en Inde, les pluies les plus rares depuis 1972, puis des trombes d'eau au moment de la récolte qui s'annonce du coup en baisse de 17 millions de tonnes par rapport aux 82 millions de la saison précédente. Le gouvernement de New Delhi a demandé aux importateurs de lancer un appel d'offres international de 30 000 tonnes qui pourrait en annoncer bien d'autres. Une première depuis vingt ans pour un pays d'ordinaire excédentaire.
"Heureusement qu'ils avaient pris la sage décision d'interdire depuis deux ans les exportations, hors riz basmati !", se félicite Thierry Liévin, président du Syndicat de la rizerie française. Mais ils risquent tout de même d'être à court l'an prochain."
Ensuite, les Philippines ont subi les assauts des typhons Ketsana et Parma en septembre-octobre qui ont inondé les rizières et amputé de près d'un million de tonnes la moisson attendue. Du coup, Manille pourrait acheter plus de 300 000 tonnes sur le marché mondial.
Tous ces achats annoncés peuvent sembler mineurs par rapport à un commerce mondial du riz brut de 30 millions de tonnes et une production mondiale de 670 millions attendue en 2009-2010. En effet, la spécificité du riz, légumineuse la plus consommée au monde, est de peu franchir les frontières de ses pays de production, ce qui rend le marché sensible aux fluctuations de l'offre et de la demande. Or, en 2010, celle-ci croîtra de 1,8 % et celle-là reculera de 3 %. D'où peut venir le secours ? Pas de Chine, premier producteur mondial, qui dévore quasi intégralement sa propre production et n'exporte qu'à peine plus d'un million de tonnes. Peut-être de la Thaïlande, premier exportateur mondial, où les riziculteurs s'apprêtent à planter à tour de bras pour profiter de prix attractifs.
"Ça ira en 2009, conclut M. Liévin. Mais 2010 risque d'être problématique : je redoute que les financiers s'intéressent de nouveau au riz et que la rareté et la spéculation se conjuguent pour faire faire des bêtises." C'est-à-dire une flambée des prix et des émeutes.
Alain Faujas
Article paru dans l'édition du 08.11.09