Et çà je trouve excellent, excellent !!!!
Le rappel à l'ordre du jour. Billet
Eric Raoult rappelle Marie NDiaye à son «devoir de réserve»
Par Grégoire Leménager
On ignore si Monsieur Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis et maire du Raincy, a ouvert
« Trois Femmes puissantes », qui a reçu
le prix Goncourt la semaine passée. Mais on sait désormais qu'il lit les «Inrockuptibles», à qui
Marie NDiaye avait accordé une
interview à l'occasion de la sortie de son livre.
(c)Capman/Vincent/Sipa
Eric Raoult
Il vient de rendre publique son intention de demander à
Frédéric Mitterrand qu'il rappelle, en sa qualité de ministre, la romancière à un
« devoir de réserve » dont on ignorait jusqu'à présent l'existence :
« Monsieur Éric Raoult attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt. En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. A ce titre, le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l'image de notre pays. Les prises de position de Marie Ndiaye, Prix Goncourt 2009, qui explique dans une interview parue dans la presse, qu'elle trouve "cette France [de Sarkozy] monstrueuse", et d'ajouter "Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux", sont inacceptables.
Ces propos d'une rare violence, sont peu respectueux voire insultants, à l'égard de ministres de la République et plus encore du Chef de l'État. Il me semble que le droit d'expression, ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de compte personnel. Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions, plus de respecter le rôle et le symbole qu'elle représente. C'est pourquoi, il me paraît utile de rappeler à ces lauréats le nécessaire devoir de réserve, qui va dans le sens d'une plus grande exemplarité et responsabilité. Il lui demande donc de lui indiquer sa position sur ce dossier, et ce qu'il compte entreprendre en la matière ?»
(c)Baltel/Sipa
Marie NDiaye est née à Pithiviers en 1967. Découverte par Jérôme Lindon, elle est l’auteur d’une douzaine de livres, dont «Rosie Carpe», «la Femme changée en bûche», «la Sorcière» ou «Hilda». Elle vit à Berlin, et vient de recevoir le prix Goncourt 2009 pour «Trois femmes puissantes».
Va-t-il falloir dissoudre l'Académie Goncourt ? Ou retirer sa carte d'identité (nationale) à Marie NDiaye ? Après les
propos tenus l'an passé par Atiq Rahimi contre l'expulsion de réfugiés afghans, on attend en tout cas avec impatience de savoir comment l'auteur de «
la Mauvaise vie » va arbitrer ce conflit douteux entre littérature, politique et liberté d'expression.
G.L.
PS. A la question posée dans
l'entretien incriminé,
« Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?», Marie NDiaye avait en effet donné cette scandaleuse réponse :
« Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l'écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants - ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d'être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux.
Je me souviens d'une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j'aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : "La droite, c'est la mort".
Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d'abêtissement de la réflexion, un refus d'une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n'a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n'a plus. »