L'Apec 2011 semble avoir consacré l'avènement d'un nouvel empereur. Voilà son empire et semble t'il, on n'a pas tout vu!
Comment la Chine étend ses tentacules sur le commerce mondial
Comment la Chine tend ses tentacules sur le commerce mondial - LExpansion.com
En 2025, la part de l'Empire du milieu dans les échanges mondiaux atteindra 13%, selon HSBC. Celle de l'Allemagne diminuera de 8,2% à 7,2%, tandis que la France régresserait de 3,9% à 3,1%.
Vous avez l'impression que la Chine domine les échanges mondiaux? Vous n'avez encore rien vu. Selon une étude de la banque HSBC, la Chine devrait devenir le premier exportateur mondial dès 2020, devant les Etats-Unis. En 2025, la part de l'Empire du milieu dans les échanges mondiaux (exportations et importations) atteindrait 13%. "C'est le seul pays qui devrait voir sa part augmenter de plus de 3 point sur la période 2011-2025", explique Alan Keir, directeur du marché des entreprises pour l'ensemble du Groupe HSBC. La raison de ce basculement historique: les liens commerciaux étroits avec les autres pays émergents.
Depuis quelques années, la Chine sécurise ses approvisionnements en matières premières en investissant en Amérique latine, en Asie et en Afrique. Elle fournit aussi des biens de consommations à l'ensemble du monde émergent, où la demande explose. Entre 2001 et 2010, par exemple, le commerce entre la Chine et le Brésil a fait un bond de 1000% ! Or le Brésil fera partie, dans les quinze ans qui viennent, des pays les plus dynamiques sur le plan commercial. Ses échanges progresseraient de 144% sur la période 2011-2025. Le Vietnam, l'Indonésie, l'Egypte et l'Inde, où les échanges progresseront encore plus vite, serviront eux aussi de tremplin pour les entreprises Chinoises.
Nouveau recul de la part de la FranceCe dynamisme des échanges dans le monde émergent fera baisser la part des pays industrialisés dans le commerce mondial. C'est le deuxième enseignement de l'étude de HSBC. L'Allemagne, par exemple, verrait sa part diminuer de 8,2% à 7,2% d'ici 2025. Les sociétés allemandes travaillent pourtant de plus en plus avec des entreprises de l'Europe émergente (Pologne et République tchèque) afin de rester compétitives. L'Amérique du Nord, de son côté, parviendrait à maintenir une part de marché de 14,5% en 2025 (contre 14,3% aujourd'hui) grâce notamment aux exportations du secteur pharmaceutique vers les pays émergents.
Et la France? Notre pays représentait 3,9% du commerce mondial à la fin de 2010. Ce chiffre pourrait tomber à 3,1% en 2025. La France dispose d'une solide base industrielle, notamment dans l'aéronautique, les moteurs, les produits pharmaceutiques et les véhicules automobiles. Mais nos partenaires commerciaux sont en majorités des pays européens, où la croissance est relativement faible. Or l'étude menée par HSBC est claire: c'est vers l'Asie que les nouveaux couloirs commerciaux se créent. Les experts parient sur une hausse de 120% du commerce entre la France et l'Inde sur la période 2011-2025. Mais ce n'est guère impressionnant au regard de l'évolution du commerce mondial (+73% prévus sur les 15 prochaines années). La Chine, par comparaison, étend ses tentacules dix fois plus vite.
Quand les Européens tendent la main:
Face à cette méthodique offensive directement pilotée de Pékin, l'Europe peine à réagir. "La crise économique a fait voler en éclats le semblant de cohésion européenne qui restait. Les pays les plus faibles jouent clairement la carte chinoise, pariant sur les retombées économiques d'éventuels investissements", décrypte François Godement. Profitant pleinement de cette division, la Chine tisse des relations bilatérales, au mépris des instances bruxelloises. L'empire du Milieu s'est ainsi bâti un "lobby chinois" au sein de l'Union, un petit groupe de pays tout acquis à sa cause. Le Portugal, l'Italie, la Grèce et l'Espagne concentrent 30 % des investissements chinois et des accords commerciaux, tandis que l'Europe centrale et orientale en capte presque 10 %, des chiffres disproportionnés au regard de leur poids économique.
Aux yeux de ces pays rongés par la crise et la flambée du chômage, la Chine apparaît comme un dernier recours pour sauver des emplois... au détriment parfois des entreprises locales. Leur logique court-termiste contraste avec le "temps long" de la stratégie chinoise. S'ils négligent les principes taoïstes de Lao-tseu, les maîtres de Pékin n'ont pas oublié la morale de Confucius : "Qui ne se préoccupe pas de l'avenir lointain se condamne aux soucis immédiats."
Pourquoi la Chine fait peur - LExpansion.com