En août 1971, Nixon suspend la convertibilité du dollar (pour faire payer aux pays autres que les USA une partie de la facture de la guerre du Vietnam), c'est la fin, de facto, des accords de Bretton Woods. En mars 1973, l'adoption des taux de change flottants signent la fin, de jure, de ces mêmes accords.
Dès lors, les notions de réévaluation et de dévaluation n'ont strictement aucun sens économique. C'est le marché des devises et ce marché seul* qui détermine la valeur d'une monnaie.
Il ne reste que peu d'armes au gouvernement (ou, plus précisément à l'institut d'émission** du pays ) pour agir sur la valeur de sa monnaie, appelons-la X.
On peut vouloir diminuer la valeur de X (pour faire simple, on peut dire que l'on tente de dévaluer X), en achetant (en payant avec X) des devises fortes sur le marché. La valeur relative de X va diminuer car le marché va voir affluer une grande quantité de X (effet technique). Mais cela n'a que peu d'influence, car l'institut d'émission accroit ses réserves de devises et le marché a de plus en plus confiance ce qui a pour effet (essentiellement psychologique) d'augmenter la valeur de X (même si le volume de X en vente est fort), que l'on souhaite, au contraire voir diminuer.
On peut faire le même raisonnement en achetant X contre des devises, pour, en raréfiant X sur le marché, tenter de réévaluer X . Avec le même manque d'efficacité que l'opération inverse.
Une autre façon d'opérer consiste à jouer sur le taux de change de base***. Diminuer le taux de change de base augmenterait le volume de monnaie fiduciaire et diminuerait la valeur de X (avec un démarrage inflationniste en prime). Augmenter ce taux, au contraire, diminuerait la masse monétaire et augmenterait la valeur de X (avec un risque déflationniste à la clé). C'est de la pure théorie en fait, cela ne marche pratiquement pas.
De toute façon, changer la valeur faciale d'une monnaie n'est en rien une opération économique ou financière, ce n'est juste qu'un problème cosmétique et d'imprimerie (même si, comme visiteur du Vietnam j'apprécierais de ne plus parle de 10.000 dongs mais de 1 dong et que je ne me mélange plus les pinceaux avec tous ces zéros ).
Bon, je m'arrête ici, je ne vais pas jouer ici mon petit Keynes et récrire une "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie" ! De toute façon, je ne fais ici que d'indiquer la théorie classique et cela ne représente en aucun cas ce que je pense de l'organisation sociale et économique actuelle.
Je me permets de te dire, en tant qu'économiste****, que ton idée est le prototype d'une fausse bonne idée.
Veux-tu absolument que le gouvernement vietnamien vende ses maigres réserves de devises pour une hypothétique appréciation du dong ?
Veux-tu absolument que le gouvernement vietnamien augmente son taux de base et que les emprunteurs (et donc les entreprises vietnamiennes) soient pris à la gorge au risque d'un grave dérapage déflationniste et passablement de chômeurs en plus ?
Veux-tu absolument que le paysan vietnamien (le secteur primaire est primordial au Vietnam) ne puisse plus vendre son riz sur le marché international parce que le dong est sur-évalué ?
Etc, etc.
Tout cela me parait totalement irréaliste et dangereux, simplement pour satisfaire un égo national mal placé. Heureusement que, je pense, les vietnamiens ont un peu plus le sens des réalités
Tu roules pour la Chine ?
Si je comprends bien, tu acceptes de casser le 99 % de la population vietnamienne (les oeufs) pour le profit des 1 % restant, les spéculateurs ?
PS
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En aucun cas un Vietnam fort (ce que je souhaite) n'est représenté par un dong fort. Dans le cadre d'une économie développement, c'est sans doute même le contraire.
* Avec toutes les dérives que l'on connait !
** Institut d'émission ou Banque centrale, Banque nationale, etc, la terminologie varie de pays en pays (pour l'euro : Banque Centrale Européenne).
*** Taux de change que l'institut d'émission applique pour ses prêts aux diverses banques.
**** Je sais, je sais, mais, à ma décharge, je dois dire que j'en ai honte.