Indignados : vous êtes tous des arabes !
Une pensée à nos amis catalans et autres qui ont reçu hier la visite de la police barbare comme toutes les polices anti-émeutes dressées pour frapper dès que l’ordre est donné. Que les hommes reçoivent quelques coups de matraques ce n’est pas terrible tant qu’il n’y a pas de dégât physique autre qu’une douleur militante sans conséquence, " mais voir des femmes, des jeunes filles se faire tabasser par des robocops, ça c’est insupportable ! On aurait dit les polices des tyrannies du tiers-monde."
Bilan, ils n’étaient pas plus d’un millier ou moins avant les coups barbares, ils sont ce soir 5000 si on en croit l’AFP. Le soutien fantastique vient de Madrid ; quand on connaît les rapports entre les catalans et Madrid, on ne peut qu’être ému de voir qu’à la puerta del sol les madrilènes scandaient face au sort des catalans « Barcelone n’est pas seule ». Ça c’est vraiment formidable !
Pour le reste, c’est très dur de voir ces jeunes, ces moins jeunes, tout une frange de la population indignée sortir et se faire matraquer alors que les manifestants ont toujours dit qu’ils ne sont pour aucun parti, qu’ils sont non-violents et qu’ils ne réclament que la démocratie maintenant ! Quand on est africain ou même européen, on se demande ce qu’ils veulent dire en réclamant la démocratie car si elle n’existe pas chez eux, où existe-t-elle ?
En vérité, ces jeunes qui sortent sentent que quelque chose ne va plus dans ce monde. Ils savent qu’on leur ment ! que le monde peut être tout autre, ils savent que la crise est due à des facteurs inavouables dont profite une minorité de criminels en cols blancs, ils savent que le monde politique est complice, réduit à des marionnettes de forces plus puissantes celles de l’argent sans frontières ; petit à petit ils comprennent qu’on les endort depuis longtemps comme les petits américains sont enfumés, infantilisés, baladés par un système complexe sans pitié, fait d’hypocrisie, de mensonge, de soif d’appâts du gain, de profits, de crimes économiques, de tout ce qui fait que le peuple européen est devenu misérable.
Aussi misérable que les gueux à l’époque des monarchies absolues à ceci près qu’à l’époque on pouvait se rassembler et se révolter contre un pouvoir bien défini, un pouvoir physique, siégeant dans la même terre, ayant un visage et un château ; aujourd’hui le gueux est toujours aussi misérable par rapport à ceux qui tiennent le vrai pouvoir et qui vivent en exploitant leur condition car même leurs dettes rapportent à ces gens-là ; aujourd’hui le gueux est toujours aussi misérable mais on lui fait croire qu’il est libre alors qu’il n’a pas accès à l’information véritable et surtout son ennemi n’est plus physique, il est invisible et insaisissable.
Comment se révolter et contre qui quand le pouvoir vous explique que c’est la faute à la mondialisation à laquelle on ne peut échapper ? Que faire quand on vous dit que les entreprises appartiennent à des fonds de pensions dont les dirigeants sont à des milliers de kilomètres de là ? Qui peut croire qu’un gouvernement ne voudrait pas faire ce qu’il faut pour être réélu ? Il paraît que Zapatero aurait dit que s’il avait 25 ans, il serait à la puerta del sol ! En vérité, il sait qu’il ne peut rien ! Ni lui ni personne sans un mouvement social mondial.
Tout mouvement régional, national, est condamné sauf peut-être à faire élire des extrêmes or la population n’est pas toute logée à la même enseigne et même avec 20% de chômage pour l’Espagne reste 80% d’actifs. Même avec 40% de jeunes entre 25 et 18 au chômage, restent 60% actifs ! Alors en cas de révolte, il arrive ce moment où la partie qui travaille a peur de se retrouver comme celle qui ne travaille pas et bientôt on verra celle qui travaille demander à la police de chasser celle qui ne travaille pas !
C’est ce qui est arrivé à Barcelone où au-delà des préparatifs de la place en vue d’une victoire hypothétique au foot, c’est les commerçants qui commencent à se plaindre car ils veulent travailler. C’est ce qui arrive aussi quand les grèves justifiées gênent les autres qui réclament de pouvoir aller travailler. Tout ça pour dire que sans solidarité, rien n’avance or le monde est devenu égoïste, individualiste, cela a été voulu par les dirigeants qui pendant que les entreprises fusionnent et grossissent, ils ont divisé la population pour mieux l’exploiter.
Habemus indignados ! N’ayez pas peur…
AFP: Barcelone: vacuation mouvemente du campement des jeunes "indigns"