Si vous voulez mon avis (sinon, je le donne quand même
), c'est bien le grand tort de ce type de reportage que de pointer du doigt un type bien spécifique de restauration. En l'occurrence, la restauration asiatique et, qui plus est, par 2 fois. J'ai grandi dans le milieu de la restauration et j'y ai fait mes débuts professionnels dans des établissements très différents, de la brasserie à la très grande carte. Je crois donc le connaître un peu. Hormis, les appartements-raviolis, il n'y a aucune spécifité asiatique dans ce qui a été montré. Les problèmes d'hygiène plus ou moins importants existent dans tous les types de restauration et, au-delà, dans tout ce qui touche au domaine alimentaire. C'est pourquoi je trouve ce procédé particulièrement dégueulasse. Je pense d'ailleurs que les auteurs savent très bien que c'est populiste dans la mesure où les assertions et surtout les sous-entendus vont venir titiller une imagerie plus ou moins confuse, une sorte d'inconscient collectif. Qui n'a entendu parler des restaus "chinois" qui éradiquaient les chats du quartier ou servaient du Ron-Ron ? Selon moi, un vrai sujet aurait été l'hygiène dans la restauration en général. Il est vrai que les règlementations et surtout les contrôles sanitaires ont fait évoluer les choses mais on serait sans doute surpris du nombre total de sanctions et de la part que représentent les restaus asiatiques.
Les labels peuvent aider mais tout dépend comment et par qui le suivi est fait, sur quoi ils portent. Ceux qui connaissent les ISO-truc-chouette comprendront. Par ailleurs, l'absence de label ne signifie pas qu'il y a manquement. On adhère ou pas à un label.
Le travail au noir a de tout temps été une spécialité du milieu de la restauration en France. Ce que l'on a voulu montrer ici, n'est-ce pas plutôt les vilains immigrés clandestins ? Ca, ce serait plus dans l'air du temps avec un ministre qui se félicite d'avoir dépassé ses objectifs d'expulsions.
Moi, chaque fois que ce sujet est abordé, je pense à cette chinoise qui s'est tuée en tombant de la fenêtre parce qu'elle avait peur d'être contrôlée. Je me dis que ce doit être terrible de vivre dans cette peur permanente et qu'on doit être dans le plus grand désarroi pour "choisir" cette vie-là.
Enfin, une remarque sur ce qu'il y a dans l'assiette. Un grand nombre de restaus parisiens ne devraient même pas avoir le droit de s'appeler restaurants dans la mesure ou tout ou partie de ce qu'ils servent n'est pas confectionné dans les cuisines : plats surgelés, sachets sous vide ou lyophilisés agrémentés de tous les subterfuges industriels sont à la fête. Bien sûr, il n'y a pas de tâches de graisse sur les murs... Bon appétit !