Ce message-là n'est qu'un coup de coeur, un coup de coeur à propos d'une phrase magnifique que j'ai trouvée en survolant l'ouvrage "Les Pensées" de Pascal. Comme à son habitude, il a le génie de résumer habilement ses pensées en quelques phrases, ce qui prendrait généralement plusieurs pages pour d'autres philosophes de même envergure ... Je partage donc cette pensée avec vous via ce topic et si ça vous intéresse, donnez vos avis sur cette maxime, sur la situation (tragique ?) de l'Homme dans la nature .
Explication :Envoyé par Pascal
Considérons d'abord notre situation au sein de l'univers. Malgré la condamnation de Galilée par l'Inquisition en 1633, le XVII siècle commencait à rejeter la vision rassurante d'un monde organisé en fonction de l'homme, mais personne encore n'en avait tiré les conséquences aussi hardies que Pascal pour qui nous sommes totalement "égarés" dans le cosmos et sans aucune proportion avec le reste de la nature.
L'homme en effet est un être complexe, étant corps et âme, et limité, tandis que l'univers matériel est simple et infini. De plus cette infinitude est double et fait de nous un néant par rapport à l'infiniment grand ("un néant à l'égard de l'infini"), un prodige d'immensité par rapport à l'infinement petit ("un tout à l'égard du néant"), donc "un milieu entre rien et tout". Encore, ce milieu peut-il s'entendre de plusieurs façons :
- moyen terme dans le temps entre l'éternité qui nous a précédés et celle qui nous suivra.
- moyen terme dans l'espace entre un astre et un insecte minuscule, ou plutôt entre des macrocosmes toujours plus vastes et des microcosmes toujours plus étroits qui nous "enferment" en même temps "qu'ils nous fuient".
- moyen terme encore dans le domaine de la connaissance, car si au-délà comme en deçà d'un certain seuil nous n'entendons aucun bruit, si éblouis par le soleil nous somems aussi aveugles qu'au milieu des ténèbres, n'est-ce pas la preuve que nos sens ne font "qu'aperçevoir quelque apparence du milieu des choses" ? Quant à notre intelligence elle subit la même loi. En effet le progré scientifique est indéniable, car "l'humanité est comparable à un homme qui apprendrait continuellement", mais il n'a rien d'exhaustif. Le plus haut savoir aboutit à des impasses, des "contrariétés" : par exemple : "Incompréhensible que Dieu soit, et incompréhensible qu'il ne soit pas ; que l'âme soit avec le corps, que nous n'ayons pas d'âme ; que le monde soit crée, qu'il ne le soit pas."
Physiquement éloigné des extrêmes, intellectuellement "incapable de savoir certainement et d'ignorer absolument", moralement écartelé entre des aspirations opposées, il apparaît donc comme un milieu, non pas juste milieu, point d'équilibre, mais un entre-deux, à la fois indéfinissable - comment déterminer le centre de deux infinis ? -, et contradictoire. L'Homme, dit Pascal, est un phénomène déconcertant, "un monstre incompréhensible".
A vos claviers !