comment augmenter les salaires des agents de l'état sans augmenter la dette publique, une piste sérieuse ou utopique?
un article du CVN
Vers une autonomie du financement des traitements dans la fonction publique
Le projet de réforme salariale dans le secteur de fonction publique pour la période 2013-2020 prévoit le recours à d’autres ressources financières que budget de l’État, afin que ce dernier ne soit pas «trop grevé», selon Doàn Cuong, directeur du Département des traitements du ministère de l’Intérieur. Entretien avec ce dernier.
Le niveau actuel des traitements ne permet pas aux fonctionnaires de vivre décemment, triste réalité au Vietnam due principalement à une surcharge du budget central. Quelle solution avance ce projet ?
Cette réforme a pour objet premier d’élever les traitements dans l’ensemble de notre fonction publique afin qu’ils soient supérieurs, à qualification constante, aux salaires prati-qués sur le marché de l’emploi. Il s’agit ici d’améliorer leurs conditions de vie, mais aussi de permettre d’attirer davantage de compétences au sein des organes du Parti, des administrations et organismes de l’État ainsi que des organisations de masse, notamment socioéconomiques.
Mais la situation actuelle étant due à une surcharge du budget de l’État, cette réforme ne peut être menée qu’en recourant à des ressources financières alternatives. Rechercher ces dernières est la première des tâches de cette réforme.
Quelles sont celles que vous envisagez, par exemple ?
Il existe plusieurs solutions compte tenu de l’organisation de notre appareil administratif, le problème est plutôt de les analyser pleinement pour en retenir les meilleures.
Par exemple, l’une de celles les plus envisagées en ce moment est de promouvoir l’activité économique actuelle des administrations dont les revenus seront affectés au paiement du traitement de leur personnel. Cela implique la création à leur profit d’un régime de gestion souple et d’une certaine autonomie. Une autre est d’économiser 10% du budget de gestion administrative. Une troisième est d’autoriser les localités ayant eu de meilleures rentrées fiscales que prévues d’affecter la moitié du surplus à un fonds de traitements créé à cet effet.
Quoi qu’il en soit, c’est en mettant en œuvre de tels mécanismes de financement que le pays espère mener à bonne fin sa réforme des traitements de la fonction publique.
Le projet de réforme des traitements de la fonction publique pour la période 2013-2020 a pour objet premier d’améliorer les conditions de vie des fonctionnaires.
Photo : Hoàng Hùng/VNA/CVN
Qu’en est-il de l’application de ce projet, justement ?
Le Comité de pilotage de la réforme salariale du secteur de fonction publique établit actuellement des plans détaillés afin de les appliquer prochainement, ce qui n’est pas simple car ils sont conçus spécifiquement en fonction de chaque localité ou de segment d’entreprises publiques. Par ailleurs, la mise en œuvre de cette réforme dépend d’un facteur externe : l’édification d’un corps de cadres et de fonctionnaires en mesure de répondre aux exigences et besoins du développement de notre pays, et cela en vertu d’une directive du Premier ministre.
Cela dit, dans les temps à venir, l’État entend confier au soin de chaque unité de créer et gérer son propre fonds de traitements.
Le secteur du service public se verra accorder les conditions nécessaires pour développer son activité économique dont les revenus seront affectés obligatoirement au règlement des rémunérations, en vue à terme d’une désolidarisation complète du budget central. Quant au secteur de l’administration hors services publics, les organes du parti, les organisations de masse ainsi que l’ensemble des forces armées, ils demeureront à la charge du budget d’État.
Encore une majoration des traitements
Le 1er mai 2012, l’équivalent du salaire interprofessionnel minimum de croissance (SMIC) de la fonction publique sera majoré de 220.000 dôngs, le traitement de base passant de 830.000 à 1.050.000 dôngs, soit un relèvement de 25%. Il s’agira de la 7e majoration en huit années, mais celle-là s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle réforme des traitements de la fonction publique.
La réalité de ces derniers temps est celle d’un coût de la vie toujours supérieur au niveau des traitements de la fonction publique, et que celui-ci augmente systématiquement chaque fois qu’on les relève, de sorte que les fonctionnaires demeurent dans l’incapacité de pouvoir vivre décemment de leur activité professionnelle. Un cercle vicieux dont le pays espère sortir au fur et à mesure de la réalisation des réformes prévues, parallèlement à une meilleure maîtrise de l’inflation. «Il reste correctement donc beaucoup à faire», a souligné Doàn Cuong.Nghia Dan/CVN