Les derniers posts de ce topic m'effraient un peu par leur contenu. Y sont employés des idées et des mots très forts, voire violents, sans que cela semble gêner qui que ce soit. Je sais que nous sommes sur un forum où les messages sont courts et où les idées doivent circuler rapidement pour que la discussion soit aussi vivante qu'un débat oral. Chacun doit respecter ce que dit l'autre et attendre son tour pour donner son avis sur ce qui a été dit avant. Voici le mien :
Sachez tout d'abord que les maladies mentales sont extrêmement nombreuses et variées. Certaines nécessitent, voire imposent, une prise en charge psychiatrique à vie d'autre temporairement. Si vous employez le terme "fou" pour désigner un malade mental, vous venez de traiter de "fou" le dépressif, l'accro au jeu ou l'adolescente anorexique... Que penseraient ces gens qui pourtant sont parfois amenés à faire des séjours en hôpital psychiatrique s'ils s'entendaient traiter de "fou"?
Concernant les psychotiques (attention, pas les psychopathes), personnes souffrant de psychose. Les psychoses (dont la plus connue est la schizophrénie) sont des maladies mentales qui confèrent aux personnes qui en souffre une inadaptation, plus ou moins importante ou totale, à la vie en société telle que nous la définissons. Ces gens ont donc à cause de leur maladie un comportement inadapté face à des situations pourtant banales. Certains entendent des voix qui les accablent, pensent que les gens peuvent lire dans leurs pensées.
Concernant la schizophrénie, cela va sans doute vous surprendre, 1 personne sur 100 souffre de cette maladie, dans le monde entier, toutes ethnies confondues. Or fort heureusement, 1 personne sur 100 n'est pas un tueur en série. Dans la population des malades mentaux, le pourcentage de tueurs est négligeable au regard de la population générale. Pourquoi ?
Parce que l'idée que malade mental = tueur potentiel est fausse. Ces gens sont pour l'immense majorité pris en charge et suivis. On leur administre des traitements pour stabiliser leur état et empêcher tout dérapage. Un malade mental reste un malade qui a le droit à la dignité. Avez-vous peur des diabétiques ou des gens en fauteuil roulant ?
Mon avis concernant les malades rendus dangereux par leur maladie réussissant à s'échapper est le suivant. Je trouve ça intolérable. Ces gens sont placés, à raison, dans des services psychiatriques fermés. Comment est-ce possible qu'ils échappent à la vigilance du personnel ? J'appelle cela de la négligence et une faute professionnelle. Que les personnes responsables assument leurs responsabilités.
Autre chose. Les maladies mentales n'évoluent pas de manière continue et constante. Elles fonctionnent par phases que l'on pourrait schématiquement appeler phase de "crise", où le malade doit être hospitalisé et traité; et phase de "calme", où le malade est stabilisé grâce à son traitement et doit sortir de l'hôpital. La question que je me pose est la suivante:
Dans laquelle des deux phases les malades échappés se trouvaient au moment de leurs crimes ? Ont-ils agit de manière responsable (et doivent donc être jugés et condamnés comme tout individu non malade) ou non ?
La réponse à cette question nécessite une expertise psychiatrique approfondie.
Autre problème présent à chaque fois quand survient ce genre d'évènement tragique, la médiatisation. La désinformation plutôt. Certaines personnes que je qualifie d'irresponsables dissertent de psychologie et de psychiatrie sans qu'ils en aient les compétences et surtout sans avoir examiné le malade. Leur conclusion ne peut donc qu'être fausse ou biaisée. Les citoyens voient les nouvelles et ont encore plus peur des malades mentaux, s'imaginent qu'ils sont tous des criminels potentiels et qu'il faut les enfermer à vie.
Chez les personnes saines, il y a des personnes qui ne commettront jamais de crime, et il y a aussi des criminels. C'est identique chez les malades mentaux. De plus, les malades suivis sont mis sous des traitements qui répriment et contiennent l'évolution de leur maladie, ce qui fait que la très grande majorité des malades ne représente aucune menace. Il est strictement normal d'être mal à l'aise, voire d'avoir peur, face à une personne psychotique. Je parle par expérience. L'objectif des professionnels
de santé est d'éviter que ces gens rendus imprévisibles par leur maladie deviennent dangereux sans pour autant les enfermer à vie. Des traitements efficaces existent maintenant et sont une bonne alternative. L'entrave à la liberté de l'Homme est indispensable dans bien des cas, mais je suis certain que vous êtes d'accord sur le fait qu'il ne faut pas exercer cette entrave si elle n'est plus nécessaire.
En conclusion: Je sais qu'il est très difficile de se renseigner objectivement sur ce type de sujet, mais s'il vous plait ne faites pas d'amalgame.
Cordialement