François Cavanna, "le Rital", est mort
le Jeudi 30 Janvier 2014 à 09:42 mis à jour à 11:00
Par Guillaume Gaven
François Cavanna (photo de 2006) aurait eu 91 ans le mois prochain. © SIPA - CAPMAN
Ecrivain - Les Ritals, Les Russkoffs, Bête et méchant, c'est lui -, fondateur de Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo, il aurait eu 91 ans le mois prochain. Il était hospitalisé depuis quelques jours pour une fracture du fémur, et a souffert de complications pulmonaires.
"C'est le grand prêtre de l'humour qui disparaît, mais Cavanna n'est pas tout à fait mort : Charlie Hebdo lui survit" : voilà comment Charb, l'actuel directeur du journal satirique, lui rend hommage.
François Cavanna s'est éteint mercredi soir, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, dans le Val-de-Marne. Il aurait eu 91 ans le mois prochain. Il avait été hospitalisé pour une fracture du fémur, mais des complications pulmonaires ont eu raison de lui. Il avait révélé, dans un livre paru en 2011, Lune de miel, qu'il souffrait de la maladie de Parkinson.
Cavanna, comme on l'appelait, était tout à la fois écrivain, dessinateur, journaliste. Il est effectivement l'un des fondateurs de Hara-Kiri en 1960, avec le professeur Choron, puis de Hara-Kiri Hebdo en 1969... qui deviendra Charlie Hebdo. Charb, toujours : "En créant Hara-Kiri dans les années 1960, il est à l'origine d'une mini-révolution dans la presse et dans la manière de rire. De nombreux humoristes lui doivent beaucoup sans le savoir."
Au total, il a écrit près de 60 livres. Dont Les Ritals en 1978, dans lequel il raconte son "enfance merveilleuse" à Nogent-sur-Marne, dans la petite communauté italienne immigrée. Il y a aussi Les Russkoffs en 1979, le récit cette fois de son STO en 1943, expédié à Berlin, où il passe deux ans et demi dans les camps.
Denis Robert préparait un film sur Cavanna, Jusqu'à l'ultime seconde, j'écrirai. L'auteur est évidemment sonné par la nouvelle... Il l'a dit sur sa page Facebook :
Denis Robert
C'est un sale coup. Je viens d'apprendre la mort de Cavanna au moment où nous faisions partir les premiers envois postaux pour le film. Je suis très triste. Un peu en colère aussi en repensant à tous ces cons qui l'avaient lâché et qui vont pleurer maintenant. On fera le film évidemment. Ce sera un beau film. Enfin, j'espère. Cavanna aimait l'idée que ce projet existe. Je le tenais au courant de nos avancements de vos lettres et mails. On venait de résoudre l'équation impossible du filmage. On devait filmer son réapprentissage de la marche. Pour Cavanna c'était très important de se tenir debout, de marcher. Il ne supportait pas l'idée du fauteuil ou du déambulateur. Il est mort d'épuisement hier vers 21h30. Des complications pulmonaires après son opération du fémur. Il ne mangeait plus depuis une semaine, avait du mal à respirer. Il a pu dire au revoir à Tita, à ses enfants et la ptite Virginie. Il était soulagé de partir. La veille, après avoir jeûné une semaine, il avait demandé de la bière et du saucisson. Il a mangé ça rageusement et en souriant. Ça va. Il a eu une belle vie. Je ne suis pas très bon ici pour lui rendre hommage. C'était un homme bon et supérieurement intelligent. Très drôle évidemment. La raison du film est qu'on ne l'oublie pas et que les gens comprennent que Cavanna a sans doute été celui qui a le plus apporté à l'idée de liberté et de liberté d'expression dans ce pays. Plus que tous, plus que n'importe quel autre écrivain, pamphlétaire, ministres, philosophes... Plus important que tous les penseurs, journalistes, humoristes qui veulent faire "bête et méchant". Il n'y avait pas un gramme de haine en lui. Jamais. J'écris ça vite. Le film s'appellera "jusqu'à l'ultime seconde j'écrirai". Et c'est ce qui s'est passé. Il grattait la semaine dernière des petits mots que Virginie déchiffrait. J'aime bien l'image de Cavanna sifflant une dernière bière avant de partir. Voilà la dernière photo prise de lui with mon Iphone. C'était juste avant la première attaque du fémur. Bon pied bon oeil François. Bonne bise à tous.
François Cavanna, "le Rital", est mort - France Info