Envoyé par
Nem Chua
Parlons de Nha Trang.
Ville de ****, rapports vénaux entre Vietnamiens et étrangers, entre Vietnamiens entre eux, entre étrangers entre eux, le précédent comité pop était réputé odieusement mafieux, mais qu'attendre d'un bled qui n'a à vendre que sa plage, qui n'offre pour espoir à ses habitants que l'exil, et qui depuis 40 ans n'a développé d'activité que dans le repos et la luxure. R&R* à l'époque des Ricains, R&R à l'époque des sous-mariniers Russes de Cam Ranh, et... voilà.
Ville de voleurs, où les gens s'accrochent à tout ce qui passe et qui puisse leur donner un espoir d'autre chose, quitte à demander à un touriste de passage de les aider à partir à Saigon, voire ailleurs. En 92, j'y étais 2 jours, j'ai rencontré une famille: le grand-père m'a accueilli en slip de bain au petit matin: il s'était fait détrousser à la plage; et les premiers mots de la mère me demandaient de l'embaucher.
Du sable, du soleil, des cocotiers et des jolies nanas, ca, il y en a. Mais du repos, de la sérénité, l'entente, et autres choses nécessaires à la vie, non. Et quand il y a complicité, c'est dans le crime. Ne vous laissez pas leurrer par la facade, le nouvel aéroport (qui d'ailleurs est à Cam Ranh, ca doit être moins cher) et les hôtels en construction. Tout ce qui a pu faire le charme de la ville à l'époque de Yersin et de Pasteur est malheureusement en péril ou disparu.
Demandez à Siêu Tôm. Les histoires que racontent les investisseurs de la région font dresser les cheveux sur la tête.
Et pour les moins assurés, les plus fragiles, ceux qui ont besoin d'un peu de chaleur humaine pour les aider à traverser leur vie, pas d'espoir à Nha Trang.
En Aôut dernier, mon ami Nicolas, qui n'en pouvait plus de vivre dans la poussière et le bruit de Saigon, ou il ne se sentait proche que de trop peu de gens --moi à Cần Thơ et un ami voyageur-- il a décidé d'aller chercher le soleil, la mer, et peut-être quelqu'un pour l'accompagner dans la vie. Il est parti à Nha Trang, ou on lui offrait un job dans un club de plongée. Loin de ceux qui tenaient à lui.
Un mois et demi plus tard, en le cherchant activement, on a appris qu'il nous avais quitté. Il s'était suicidé 8 jours avant. Ses employeurs --francais-- n'ont rien dit, pas concernés**. Il est resté à la morgue le temps qu'on vienne le chercher. Il avait 49 ans.
Bienvenue à Nha Trang.
* Rest & Recreation
**Je ne leur en veux pas, ils sont jeunes, et c'était sans doute trop de détresse d'un coup.